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Niger expulse des responsables chinois pour non-respect des lois locales

Niamey, 13 mars 2025 Dans une injonction aussi péremptoire qu’inattendue, le gouvernement nigérien a enjoint aux dirigeants chinois de trois fleurons du secteur pétrolier (SORAZ, CNPC et WAPCO) de plier bagage et de quitter le sol national dans un délai exigu de 48 heures, effectif dès le 12 mars 2025. Ce décret, d’une rare fermeté, trouve son origine dans une présumée infraction à l’Ordonnance sur le contenu local, pierre angulaire de la régulation des secteurs minier et hydrocarboné au Niger. Les trois figures de proue (le directeur général de la raffinerie de Zinder (SORAZ), celui de la China National Petroleum Corporation (CNPC), titan du pétrole nigérien, et celui de la West African Petroleum Company (WAPCO)) ont promptement obtempéré, trouvant refuge ce jeudi 13 mars à Lomé, capitale togolaise.

Expulsion des responsables chinois: une admonestation aux accents souverainistes

L’édit gouvernemental, loin d’être un simple soubresaut administratif, résonne comme un coup de semonce dans l’échiquier des relations sino-nigériennes. Depuis plus d’une décennie, la Chine s’est imposée comme un protagoniste incontournable dans l’exploitation des ressources naturelles du Niger. La CNPC, architecte de l’extraction pétrolière dans la région d’Agadem et maître d’œuvre de la raffinerie de Zinder, incarne cette présence tentaculaire. WAPCO, son prolongement opérationnel, orchestre quant à elle la logistique du pipeline reliant les champs nigériens aux côtes béninoises, un ouvrage pharaonique destiné à irriguer les marchés mondiaux.

Au cœur de cette querelle se dresse l’Ordonnance sur le contenu local, un texte législatif conçu pour rééquilibrer les fruits de l’opulence minérale et pétrolière en faveur des fils du terroir. Cette charte exige des opérateurs étrangers un engagement sans équivoque : privilégier l’embauche de Nigériens, confier des marchés aux entreprises autochtones et transmettre un savoir-faire tangible. Les autorités de Niamey reprochent à SORAZ, CNPC et WAPCO d’avoir dérogé à ces préceptes, optant pour une autarcie opérationnelle au profit de leurs compatriotes chinois, en reléguant les acteurs locaux à une périphérie désolante.

Une audace aux retombées incertaines

Cette expulsion, véritable manifeste d’émancipation, traduit une volonté farouche de reprendre les rênes d’une économie longtemps tributaire des appétits étrangers. Le Niger, malgré un sous-sol gorgé d’uranium et de pétrole, ploie sous le joug d’une indigence chronique, fruit d’accords jugés trop complaisants avec les puissances extérieures. En chassant ces dignitaires chinois, Niamey esquisse une promesse : celle d’une souveraineté retrouvée, où les richesses du sol irrigueraient enfin les veines d’une nation exsangue.

Pourtant, l’audace de cette mesure n’échappe pas à une périlleuse ambivalence. La Chine, par sa mainmise sur les infrastructures pétrolières, est une artère vitale pour l’économie nigérienne. Une rupture, même partielle, risque d’ébranler la production d’or noir, de tarir les rentrées fiscales et de compromettre l’approvisionnement énergétique. Sur le plan diplomatique, ce camouflet pourrait assombrir les liens avec Pékin, dont les largesses ont jusqu’ici soutenu les ambitions de développement du Niger.

Un mutisme éloquent et un horizon nébuleux

À ce jour, ni la CNPC ni le gouvernement chinois n’ont daigné rompre le silence qui enveloppe cette affaire. À Niamey, les explications officielles se réduisent à une déclaration laconique, laissant dans l’ombre les griefs précis pesant sur les entreprises incriminées. Cette discrétion, loin d’apaiser les esprits, attise les conjectures : ce bannissement est-il une sanction circonscrite ou le prélude à une refonte audacieuse des partenariats étrangers ? Le Niger, en quête d’un nouvel équilibre, osera-t-il défier davantage l’hégémonie chinoise, ou cette bravade ne serait-elle qu’un éclat fugace dans une dépendance trop enracinée ?

Tandis que les trois exilés méditent leur sort sous le ciel de Lomé, l’avenir du Niger oscille entre hardiesse et incertitude. Ce sursaut d’autorité, s’il témoigne d’une aspiration légitime à la maîtrise de son destin, soulève une interrogation lancinante : peut-on défier un colosse sans s’exposer à des lendemains qui vacillent ? L’épilogue de cette saga, suspendu aux caprices de la géopolitique, reste une énigme que le temps seul saura démêler.

 


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