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Vers une recomposition géoéconomique mondiale


15 Juin 2025

Etats-Unis-Chine-Relations internationales/ Accord-cadre du 11 juin 2025

Interview exclusive de  M. Khaled Hamadé, Président de l’Institut International d’Études Géopolitiques (IIEG)

Par Antoine LAWSON, Directeur de Publication de l’agence de Presse en ligne  InfosPlus Gabon

LIBREVILLE, 15 juin (Infosplusgabon) – L’accord-cadre signé le 11 juin 2025 à Londres entre les États-Unis et la Chine marque un tournant décisif dans les relations sino-américaines. Au-delà des concessions commerciales mutuelles, cet accord ouvre une nouvelle ère de gestion stratégique de la rivalité entre les deux grandes puissances. Nous nous sommes entretenus avec M. Khaled Hamadé, président de l’IIEG, un think tank récemment fondé et déjà influent dans les cercles diplomatiques. Il nous  livre ses impressions.

 

Antoine Lawson : M. Hamadé, cet accord intervient après des mois de tensions commerciales, technologiques et militaires. Marque-t-il vraiment un tournant géopolitique majeur ?

Khaled Hamadé : Absolument. Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle doctrine géopolitique que je nomme la compétition régulée. Contrairement à la guerre froide où le monde était divisé en deux blocs antagonistes, l’époque actuelle voit les superpuissances alterner confrontation et coopération en fonction de leurs intérêts vitaux. L’accord de Londres est emblématique de cette nouvelle logique : Washington et Pékin se disputent l’hégémonie mondiale, mais sont contraints de négocier pour préserver la stabilité de leurs économies interconnectées. C’est un réalisme stratégique qui s’impose.

Antoine Lawson : Les terres rares semblent être au cœur de l’accord. Pourquoi ces ressources sont-elles si stratégiques aujourd’hui ?

Khaled Hamadé : Les terres rares sont devenues l’équivalent du pétrole au XXIe siècle. Elles sont essentielles à la fabrication des technologies avancées : smartphones, éoliennes, véhicules électriques, armements sophistiqués. Or, la Chine assure 92 % du raffinage mondial de ces métaux critiques. Cette domination industrielle lui confère un levier géopolitique majeur. L’accord signé met en lumière une dépendance américaine embarrassante : malgré sa puissance militaire, Washington reste vulnérable sur le plan technologique, car il dépend d’un rival stratégique pour accéder à ces ressources.

Antoine Lawson : Peut-on dire que cet accord participe à l’installation d’un monde multipolaire ?

Khaled Hamadé : Paradoxalement, oui. En reconnaissant leur interdépendance, les États-Unis et la Chine donnent un signal fort aux puissances régionales : elles aussi peuvent tirer parti de la compétition sino-américaine. Les BRICS, en particulier, observent attentivement. L’Inde accélère ses investissements miniers en Afrique, la Russie mise sur une diplomatie énergétique renforcée, le Brésil s’intéresse davantage à la valorisation géopolitique de ses ressources naturelles. Nous assistons à la formation de coalitions stratégiques régionales, capables de contrecarrer l’influence exclusive de Washington et Pékin.

Antoine Lawson : Quel rôle l’Afrique peut-elle espérer jouer dans ce nouvel échiquier mondial ?

Khaled Hamadé : L’Afrique dispose d’un potentiel géostratégique immense : elle concentre 50 % des réserves mondiales de cobalt, 85 % du manganèse, et une part significative des terres rares non encore exploitées. Mais ce potentiel n’est pas synonyme de pouvoir. Il faut une volonté politique forte et une vision panafricaine. L’accord sino-américain ouvre une fenêtre d’opportunité : les puissances occidentales cherchent à diversifier leurs approvisionnements, ce qui donne à l’Afrique un pouvoir de négociation inédit. À condition, bien sûr, de dépasser les logiques de rente, les rivalités nationales et de miser sur l’intégration régionale.

Antoine Lawson : Cela pose la question de la souveraineté économique des États africains. Qu’en pensez-vous ?

Khaled Hamadé : La souveraineté au XXIe siècle ne se mesure plus uniquement à l’indépendance politique ou militaire. Elle se définit par la capacité à maîtriser ses ressources stratégiques, à les transformer localement, à créer de la valeur. Les pays africains doivent impérativement remonter les chaînes de valeur : construire des unités de raffinage, former des ingénieurs, créer des consortiums transnationaux. Remplacer une dépendance chinoise par une dépendance américaine serait une erreur. La véritable souveraineté consiste à jouer sur la rivalité entre puissances pour en tirer le maximum d’avantages.

Antoine Lawson : Comment voyez-vous évoluer ces enjeux dans les prochaines années ?

Khaled Hamadé : Nous entrons dans l’âge des ressources stratégiques. Ce n’est plus la seule puissance militaire qui façonne les rapports de force, mais aussi la maîtrise de l’accès aux métaux critiques, à l’eau, à l’énergie.

Trois scénarios sont envisageables :

1. L’équilibre de la terreur économique, où les interdépendances deviennent des armes.

2. La fragmentation en blocs économiques étanches, synonyme de repli protectionniste.

3. La multipolarité régulée, où plusieurs centres de pouvoir coopèrent selon des règles claires.

Dans tous les cas, les États qui contrôleront les ressources critiques seront au cœur des arbitrages internationaux. L’accord de Londres n’est que le premier acte d’une recomposition qui pourrait durer des décennies.

À propos de l’IIEG

Fondé en 2025, l’Institut international d’études géopolitiques (IIEG) se consacre à l’analyse stratégique des mutations contemporaines à l’échelle mondiale. Il développe une approche transdisciplinaire mêlant économie, diplomatie, sécurité et environnement.

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