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Vers une intelligence artificielle africaine : le Maroc (…) – Gabonews

Vers une intelligence artificielle africaine : le Maroc plaide pour une approche éthique et souveraine

20 mars 2025

L’essor de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique pose aujourd’hui une question essentielle : comment faire de cette révolution technologique un moteur de développement plutôt qu’un facteur d’instabilité ? Cette interrogation a été au cœur des discussions lors de la récente Réunion ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (CPS-UA), présidée par le Maroc pour le mois de mars.

Dans son intervention, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a plaidé pour une approche africaine de l’IA, mettant en avant la nécessité d’une intelligence artificielle « par l’Afrique et pour l’Afrique ». Un appel fort qui résonne à l’heure où le continent doit concilier ambitions numériques et défis structurels.

Une IA africaine, éthique et responsable

L’Afrique, riche de sa jeunesse et de son dynamisme, ne peut rester en marge de la révolution de l’IA. Pourtant, le constat est alarmant : 60 % de la population africaine n’a toujours pas accès à Internet, moins de 2 % des données utilisées dans l’IA sont issues du continent, et seulement 1 % des experts mondiaux en IA y sont basés. Face à cette réalité, M. Bourita a souligné la nécessité d’un engagement collectif pour éviter que l’Afrique ne devienne un simple marché consommateur des technologies développées ailleurs, sans réelle autonomie stratégique.

L’IA offre pourtant des opportunités immenses. Selon les projections, elle pourrait injecter 15 700 milliards de dollars dans l’économie mondiale d’ici 2030, dynamiser la production agricole de 10 à 15 % et accélérer la croissance de certains pays africains de 40 %. Mais pour en tirer profit, il faut dépasser les obstacles technologiques et éducatifs.

Le ministre marocain a également mis en garde contre les dérives potentielles de l’IA. L’explosion des cyberattaques (+300 % entre 2019 et 2022), la prolifération des vidéos truquées (deepfakes) et l’utilisation croissante des drones autonomes par des groupes terroristes posent un véritable défi de sécurité pour le continent. En 2023, pas moins de 47 pays ont été ciblés par des campagnes de désinformation, menaçant leurs processus démocratiques.

Face à ces dangers, M. Bourita a insisté sur l’importance pour l’Afrique de peser dans la gouvernance mondiale de l’IA. « L’inaction est notre ennemi commun », a-t-il déclaré, appelant à des initiatives concrètes pour encadrer cette technologie et en faire un vecteur de paix et de stabilité.

Pour répondre à ces enjeux, le Maroc a proposé plusieurs mesures ambitieuses, dont :

 La création d’un Fonds africain pour l’IA, afin de financer les projets innovants sur le continent.

– L’instauration d’une stratégie panafricaine de collecte et de valorisation des données, un élément clé pour développer une IA ancrée dans les réalités africaines.

 Le lancement d’un programme massif de formation, pour structurer une élite africaine en IA et combler le déficit en talents.

Le Royaume du Maroc a d’ores et déjà pris des initiatives dans ce domaine, notamment à travers la stratégie « Maroc Digital 2030 », qui ambitionne de former 100 000 talents par an dans les métiers du numérique et de l’IA. Rabat abrite également le premier centre africain de l’UNESCO sur l’IA, une preuve de l’engagement du pays à promouvoir une IA responsable sur le continent.

Sur le plan international, le Maroc a joué un rôle moteur dans l’adoption des premières résolutions de l’ONU sur l’IA et a cofondé le Groupe des Amis de l’IA pour le Développement Durable, réunissant plus de 70 pays.

Pour que l’Afrique ne subisse pas l’IA mais en devienne un acteur majeur, le Maroc a proposé la création d’un réseau africain des centres nationaux d’IA et la mise en place d’un panel d’experts africains chargé d’accompagner l’élaboration et l’exécution d’une stratégie continentale.

« L’Afrique doit croire en sa capacité à prendre son destin en main  », a déclaré M. Bourita, citant Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Car si l’IA redessine aujourd’hui les rapports de force mondiaux, le choix est clair pour le continent : agir et innover, ou subir les conséquences d’un retard technologique.

L’appel du Maroc à une mobilisation panafricaine en faveur d’une IA souveraine, éthique et responsable mérite une attention particulière. Il appartient désormais aux Etats africains de transformer cette vision en actions concrètes, pour que l’intelligence artificielle devienne un levier de progrès plutôt qu’un facteur de dépendance.

AMP


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