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Tribune / « Pour un secteur des transports plus sûr, plus transparent et plus souverain : l’heure de la digitalisation a sonné »

*Par Loïc Kapitho,

Cofondateur de Pozi App

Président de TECH 241

 

« Dans un contexte de pression croissante sur les infrastructures routières africaines, la digitalisation du secteur des transports ne peut plus être perçue comme un luxe ou une simple modernisation. Elle constitue désormais un levier stratégique de souveraineté, de performance économique et de sécurité publique.

Le Gabon, avec son maillage routier en développement, ses flux logistiques de plus en plus complexes – notamment dans les secteurs forestier, minier ou commercial – et son ambition affichée de transformation structurelle, dispose d’une opportunité unique : s’appuyer sur les solutions technologiques locales pour bâtir un écosystème de transportintelligent, durable et sécurisé.

C’est dans cette optique que s’inscrit le projet Sentinel, porté par POZI, entreprise technologique gabonaise. Ce projet vise à doter l’État d’un outil de contrôle en temps réel des grumiers, camions et transporteurs, tout en permettant une meilleure planification et une gestion automatisée des données critiques du réseau routier national.

Sécurité routière : des vies en jeu, des données pour prévenir

Chaque année, des milliers de vies sont fauchées sur les routes africaines. En cause : excès de vitesse, surcharge, fatigue des conducteurs, infrastructures usées ou non adaptées. La technologie permet aujourd’hui de surveiller les comportements à risque, d’émettre des alertes en temps réel, de générer des rapports automatisés pour les autorités, et surtout de prévenir plutôt que de réparer.

Au Maroc, l’introduction de systèmes intelligents de suivi des poids lourds a permis de réduire les accidents liés au transport de marchandises de près de 20 % en cinq ans. En Ouganda, la plateforme e-Transport Permit assure la traçabilité complète des grumiers, contribuant à freiner la déforestation illégale.

Traçabilité et contrôle des flux : piloter plutôt que subir

Les flux de marchandises – notamment liés au bois et aux matières premières – échappent encore trop souvent à une supervision continue. La conséquence : des axes surchargés, une usure accélérée des routes, une perte de recettes fiscales et une opacité nuisible à la compétitivité logistique. La digitalisation, via des solutions comme Sentinel, permet de :

● identifier les itinéraires empruntés,

● surveiller les zones accidentogènes ou à risques,

● croiser les données de géolocalisation avec les autorisations de transport,

● et automatiser les sanctions en cas d’infraction. Des pays comme le Rwanda ou le Kenya ont mis en place des portiques RFID et des systèmes de pesée dynamique, qui permettent un contrôle continu et non intrusif, tout en optimisant la collecte des recettes liées au fret.

Une meilleure planification des infrastructures et des recettes plus transparentes

La data générée par le suivi des véhicules est une mine d’or pour l’État. Elle permet :

● de cartographier les axes les plus sollicités,

● de prévoir l’entretien ciblé des routes,

● et de définir de nouveaux investissements en fonction des usages réels. En Afrique du Sud, certaines provinces utilisent déjà des plateformes de type “smart road” pour ajuster leurs plans de développement.

Cette dynamique est accessible au Gabon – à condition de capter et exploiter les bonnes données. Sur le plan budgétaire, la digitalisation du secteur logistique augmente les revenus de l’État : systèmes de péage, amendes, fiscalité mieux encadrée, redevances technologiques. Le projet Sentinel, avec son modèle de partenariat public-privé, prévoit une redevance annuelle reversée à l’État dès la première année, ainsi qu’un système de gestion automatisée des alertes (vitesse, zone, dépassement d’horaires).

Une dynamique déjà à l’œuvre au Gabon

Le Gabon n’est pas vierge en matière de digitalisation logistique. Le groupe Olam a mis en place un système de traçabilité du bois à travers une plateforme technologique visant à lutter contre la coupe illégale. De son côté, Eramet-Comilog, à travers le programme IROC, a initié une digitalisation avancée de ses flux ferroviaires et logistiques, démontrant qu’un pilotage par la donnée est possible, même dans des environnements industriels complexes.

Dans le secteur pétrolier, les opérateurs investissent des montants significatifs dans la télémétrie des pipelines, parfois à hauteur de 20 000 à 50 000 dollars par kilomètre, pour garantir sécurité, prévention des fuites et suivi stratégique des infrastructures. Ces investissements montrent que le contrôle en temps réel des flux devient un standard dans tous les secteurs sensibles.

L’heure d’un partenariat gagnant-gagnant

Les solutions existent. Les compétences sont là. Les résultats sont mesurables. Ce qu’il faut désormais, c’est une volonté politique claire pour les intégrer à l’échelle nationale. C’est précisément ce que propose Sentinel : un partenariat public-privé structurant, durable et souverain, entre le Ministère des Transports et une entreprise technologique locale.

Conclusion

Il ne s’agit plus de savoir si nous devons digitaliser le secteur des transports, mais avec qui, comment et à quelle vitesse. Dans un pays où chaque kilomètre de route compte, où chaque accident coûte cher, et où chaque donnée peut sauver une vie ou orienter une politique, la technologie ne doit plus rester en marge de la stratégie nationale.

Elle doit devenir le cœur battant de notre souveraineté logistique et de notre sécurité collective. C’est dans cet esprit que POZI, fidèle à sa mission de connecter l’Afrique, un véhicule à la fois, entend mettre sa technologie, son expertise et sa vision au service de l’État gabonais ».

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