Niger : À Tillabéry, le PNUD et la jeunesse nigérienne façonnent l’avenir de l’entrepreneuriat
Ce 15 mai 2025, la ville de Tillabéry, nichée au cœur d’une région éprouvée par l’insécurité et les défis climatiques, s’est animée d’une ambition nouvelle. Une mission de la Direction Générale de l’Entrepreneuriat des Jeunes (DGEJ), soutenue par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) Niger, a investi la capitale régionale pour évaluer les structures d’appui à l’entrepreneuriat des jeunes. Cette initiative a marqué une étape décisive : une visite au gouverneur de Tillabéry, Ibrahim Tidjani Katiella, suivie d’un atelier de collecte de données à l’Hôtel Tarka. Dans un Niger où les jeunes de 15 à 35 ans représentent plus du tiers de la population, cette mission incarne un pari audacieux : transformer le potentiel de la jeunesse en moteur de croissance inclusive et durable.
Sur le terrain : une mission concrète au service de la jeunesse de Tillabéry
Concrètement, la délégation, conduite par le directeur général de la DGEJ, M. Issifi Sadou Ibrahim, a débuté sa journée par une audience au gouvernorat de Tillabéry. Le gouverneur Katiella, connu pour son engagement envers le développement local, a salué l’initiative, soulignant l’urgence de soutenir les jeunes entrepreneurs dans une région où 28 % des 15-24 ans sont sans emploi, selon l’Organisation Internationale du Travail. Dans ce contexte difficile, Tillabéry, qui abrite 1,2 million d’habitants et fait face à des attaques récurrentes de groupes armés dans les zones frontalières, voit dans l’entrepreneuriat un levier de stabilisation et de cohésion sociale.
Radiographie de l’appui : l’atelier clé pour accélérer l’entrepreneuriat jeune
Après l’audience, l’atelier, lancé dans la salle de conférence de l’Hôtel Tarka, a réuni 40 participants, dont des responsables de la Maison de l’Entreprise, du Centre Incubateur des Petites et Moyennes Entreprises (CIPMEN) et du Réseau des Structures d’Accompagnement à l’Entrepreneuriat au Niger (RESAEN). Au cours de cet atelier, pendant trois heures, les échanges ont porté sur l’évaluation des mécanismes d’appui : accès au financement, formations et accompagnement des startups. « Nous voulons identifier les forces et les failles pour mieux outiller nos jeunes », a déclaré Issifi Sadou dans un communiqué du ministère de l’Entrepreneariet des Jeunes. Ces informations précieuses alimenteront une stratégie nationale, en lien avec le Cadre Stratégique de Promotion de l’Entrepreneuriat des Jeunes adopté en 2019.
Le PNUD, architecte du succès : financements et programmes qui changent la donne
Dans cette dynamique, il est essentiel de souligner que le PNUD joue un rôle clé dans cette mission. Avec un budget de 15 millions de dollars alloué à l’emploi des jeunes pour 2022-2026, l’organisation soutient des programmes comme Inspire Jeunes et Agri Innovation Challenge, en partenariat avec le CIPMEN. Par exemple, lors de la Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat, le 18 novembre 2024 à Niamey, 10 jeunes entrepreneurs, dont 4 de Tillabéry, ont été primés pour leurs projets dans l’agriculture et le recyclage, recevant des subventions allant de 2 à 10 millions de FCFA.
Le défi du financement à Tillabéry : trouver les clés pour libérer le potentiel
Cependant, à Tillabéry, où 65 % de la population vit de l’agriculture, selon la Banque mondiale, les jeunes entrepreneurs peinent à obtenir des financements, un obstacle majeur identifié lors du forum PNUD. Face à ce constat, la mission a examiné des solutions comme les microcrédits via des institutions locales et des formations en gestion d’entreprise, déjà dispensées à 500 jeunes en 2024 dans la région, selon le rapport annuel du PNUD.
Entre fragilité et potentiel : l’entrepreneuriat, levier d’espoir et de résilience
Dans ce contexte, malgré ces difficultés, Tillabéry, avec ses 5 000 déplacés internes en 2025, selon le HCR, est une région stratégique, mais fragile. C’est pourquoi les projets du PNUD, comme le Programme de Développement de l’Agrobusiness pour la Résilience Socio-Économique (PIDAGRES-JeF), visent à intégrer les jeunes dans des filières porteuses comme le maraîchage et l’élevage. Des exemples concrets ont été partagés, comme le témoignage d’Aïssa, 24 ans, qui, grâce à une formation du CIPMEN en 2024, a lancé une micro-entreprise de transformation de mil à Téra, générant 300 000 FCFA de revenus mensuels.
Un appel fort du gouverneur : vers un fonds régional pour booster l’entrepreneuriat
Fort de ces constats, le gouverneur a appelé à intensifier ces efforts, proposant un fonds régional pour les startups, une idée qui sera soumise au ministère lors d’une restitution prévue le 20 mai 2025 à Niamey. Il a d’ailleurs souligné : « Tillabéry a un potentiel immense, mais il faut des outils adaptés », a-t-il insisté.
Un acte de foi : la jeunesse nigérienne, moteur de l’avenir du pays
Pour conclure, en quittant Tillabéry, la délégation emportait avec elle des données précieuses et un élan renouvelé. Cette mission, plus qu’une évaluation, est un acte de foi en la jeunesse nigérienne. C’est ainsi qu’en plaçant l’entrepreneuriat au cœur de sa stratégie, le Niger, avec le soutien du PNUD, transforme les défis en opportunités. Alors que les conclusions de l’atelier nourriront des politiques nationales, Tillabéry se rêve déjà en terre d’innovation, où chaque jeune peut bâtir son avenir. Un espoir partagé : dans les rues poussiéreuses de la ville, un murmure d’espoir résonne : celui d’une génération prête à écrire l’histoire économique du pays.
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