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Parlement burundais : L’Opposition écartée des élections

Pages jaunes

Les Burundais ont voté jeudi pour renouveler le parlement de leur pays enclavé et pauvre d’Afrique de l’Est, un scrutin entaché d’irrégularités selon des observateurs et des opposants, mais sans grand suspense car les principales figures d’opposition ont été empêchées de concourir.

Des membres du Conseil national pour la liberté (CNL), principal adversaire de la formation au pouvoir, exclu par les autorités du scrutin, ont notamment dénoncé sur X des votes multiples, des votes forcés, ainsi que la « chasse et interdiction d’accès » et des « emprisonnements arbitraires » de ses observateurs.

Interrogé par téléphone, Anicet Niyonkuru, candidat aux législatives et président du Conseil des patriotes, un petit parti d’opposition, a dénoncé auprès de l’AFP des bulletins de vote « remplis à l’avance » que les électeurs « mettaient dans l’urne », « une grande tricherie qui a été observée partout dans le pays ».

« Les élections d’aujourd’hui ont été faites avec beaucoup, beaucoup d’irrégularités » et n’auront pas de « résultats crédibles », a-t-il regretté.

– irrégularités signalées par des journalistes –

Des journalistes et des électeurs, qui ont requis l’anonymat par mesure de sécurité, ont également fait état à l’AFP d’importantes irrégularités.

La majorité des près de 14.000 bureaux de vote ont fermé vers 15H00 (13H00 GMT). Les opérations de dépouillement ont ensuite commencé en présence de mandataires des partis politiques et d’observateurs de la société civile, avec la formation au pouvoir très représentée, selon des sources sur place.

Les résultats provisoires doivent être proclamés du 10 au 11 juin, et les résultats définitifs le 20 juin.

Evariste Ndayishimiye, président d’un pays qui peine à se remettre de décennies de violences ethniques, de guerre civile et de régime autoritaire, a voté en compagnie de son épouse et de ses enfants sur sa colline natale de Musama, dans la province de Gitega (centre).

D’après les médias locaux, il s’est dit satisfait du déroulement du vote et de l’affluence, qui prouve selon lui que « la population est animée d’un esprit patriotique ».

– « Menaces, harcèlement » –

Son parti, le CNDD-FDD, est cependant accusé d’entraver son principal adversaire, le CNL, arrivé en deuxième position lors des dernières élections en 2020. Le CNL les avait à l’époque qualifiées de « mascarade ».

En 2023, le ministère burundais de l’Intérieur avait suspendu le CNL, invoquant des « irrégularités » dans la manière dont il avait organisé deux congrès.

« Je suis allé voter pour éviter d’avoir des problèmes car certains responsables vérifient si vous avez voté. Mais je n’espère rien de cette élection car le CNDD-FDD va de toute façon garder le pouvoir et le pays va continuer de s’enfoncer dans la crise », a déploré Prosper, 64 ans, un ingénieur civil à la retraite.

En 2024, l’opposant Agathon Rwasa – ancien chef rebelle hutu pendant la guerre civile entre son ethnie et celle des Tutsi, qui avait fait quelque 300.000 morts entre 1993 et 2005 – a été écarté de la tête du CNL.

Il a été remplacé par un dissident du CNL, Nestor Girukwishaka, haut cadre d’une entreprise publique réputé proche du parti au pouvoir.

L’exécutif a ensuite décidé d’établir de nouvelles règles électorales, empêchant M. Rwasa et ses alliés de rejoindre d’autres formations d’opposition ou de se présenter en tant que candidats indépendants.

Les trois semaines de campagne électorale pour ces élections législatives mais aussi communales ont été « très difficile », a confié à l’AFP à la veille du scrutin Patrick Nkurunziza, le président d’une coalition de petits partis appelée Un Burundi pour tous, qui a dénoncé des « menaces, harcèlement, et parfois même des agressions » de la part des Imbonerakure, des groupes de jeunes proches des autorités.

– « Crise socio-économique profonde » –

Evariste Ndayishimiye a pris les rênes du Burundi en juin 2020 après le décès de son prédécesseur Pierre Nkurunziza (sans lien de parenté avec le candidat précédemment mentionné), qui avait tenu le pays d’une main de fer durant 15 ans.

Depuis son accession au pouvoir, il oscille entre signes d’ouverture du régime, qui reste sous l’emprise de puissants généraux, et ferme contrôle du pouvoir, marqué par des atteintes aux droits humains dénoncées par des ONG et l’ONU.

Un analyste interrogé par l’AFP sous couvert d’anonymat a souligné que le Burundi fait face à « une crise socio-économique très profonde qui est marquée par toutes sortes de pénuries, une inflation galopante de plus de 40% par mois, un mécontentement populaire croissant ».

Une sévère pénurie de carburant paralyse notamment depuis près de trois ans le Burundi, pays le plus pauvre du monde en terme de PIB par habitant, selon un classement de la Banque mondiale de 2023. 75% de ses 12 millions d’habitants vivent sous le seuil international de pauvreté.

« En l’absence du CNL d’Agathon Rwasa, le CNDD-FDD est sûr de gagner » face à des « candidatures de complaisance », a estimé l’analyste.

En vertu d’un accord de paix signé en 2000, les sièges au Parlement sont répartis 60-40 entre les deux groupes ethniques, les Hutu et les Tutsi.

Source : Agence France-Presse

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