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Oyima sur TV5 Monde : Lisez l’intégralité de l’interview

DIG / Ministre d’Etat en charge de l’Économie et des Finances, président du Conseil d’administration de la BVMAC et dirigeant historique de la BGFI Bank, Henri-Claude Oyima a accordé sa première interview  à la chaîne de Télévision TV5 Monde Afrique, le 26 mai 2025.

Le membre du gouvernement y répond sans détour aux soupçons de conflit d’intérêts et détaille sa vision d’un Gabon souverain, réformé et tourné vers une croissance endogène. Lecture.

TV5 Monde Afrique : Pourquoi avoir quitté le privé pour le public ?

Henri-Claude Oyima : Avant toute chose, je tiens à remercier le président de la République, Son Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema, pour m’avoir fait l’honneur de me confier la direction de ce grand ministère. Le pays, dans la situation actuelle, a besoin de toutes ses forces vives, de toutes les compétences, quels que soient les parcours. Lorsque le président m’a demandé de le rejoindre, j’ai considéré qu’il s’agissait là d’un devoir patriotique. Après plusieurs décennies passées dans le secteur privé, il m’a semblé naturel de mettre mon expérience et mes compétences au service de la vision de transformation qu’il porte pour notre pays.

TV5 MA : Pourquoi maintenant ? Parce qu’on vous l’avait déjà proposé, et vous aviez refusé sous les Bongo, père et fils…

HCO : Je suis un homme du secteur privé, avec des convictions bien ancrées. À l’époque, je ne pensais pas que les conditions étaient réunies pour que mon engagement ait un réel impact. Aujourd’hui, les choses sont différentes. Il y a une volonté sincère de rupture, de changement. C’est dans ce contexte que j’ai jugé utile, et même nécessaire, de m’engager. Il est temps pour moi de mettre au service de l’intérêt général l’expertise acquise tout au long de ma carrière, ma force au projet profond et transformateur que le président a décidé et proposé aux Gabonais.

TV5 MA : Aujourd’hui, vous êtes ministre, mais également dirigeant de la BGFI Bank, la première banque du pays et de la CEMAC. Vous êtes aussi président du Conseil d’administration de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale. N’y a-t-il pas là un conflit d’intérêts ?

HCO : Il y a un conflit d’intérêts pour ceux qui ne comprennent pas comment fonctionne une entreprise. C’est comme si j’avais attendu cette nomination pendant des années, et qu’au moment où elle arrive, je devais tout abandonner sans transition. En tant que dirigeant responsable, vis-à-vis de mes actionnaires, de mes clients et du personnel, je me dois d’organiser une transition en douceur afin de garantir la continuité et la stabilité de cette belle entreprise qu’est BGFI Bank.

Nous avons parfaitement conscience de l’incompatibilité entre les fonctions ministérielles en charge de l’économie et des finances, et celles de dirigeant de banque. C’est pourquoi les choses se feront selon un calendrier défini par les actionnaires eux-mêmes.

TV5 MA : Cela signifie que vous avez décidé de quitter la direction de la banque ?

HCO : Oui, je quitterai la direction de la banque dans les prochaines semaines, pour permettre à l’entreprise de se doter d’une nouvelle gouvernance. Mais cela doit se faire selon les règles de bonne gestion d’une entreprise responsable.

TV5 MA : Cela n’aurait-il pas dû être fait avant votre nomination ?

HCO : Vous savez, il est difficile de prévoir une nomination. Je ne m’y attendais pas. Elle est arrivée par surprise. J’ai accepté cette responsabilité, et je me dois de tout faire pour que l’entreprise que nous avons bâtie depuis plus de 40 ans ne souffre pas de mon départ précipité.

TV5 MA : Et qu’en est-il de la Bourse des Valeurs mobilières d’Afrique Centrale ?

HCO : Il en sera de même. Ces fonctions ont été exercées avec rigueur et professionnalisme, mais aujourd’hui, ce qui importe, c’est l’avenir et les responsabilités qui m’incombent désormais en tant que ministre.

TV5 MA : Justement, selon le FMI, la dette publique du Gabon pourrait dépasser 80 % du PIB cette année, contre 63 % en 2022. Comment comptez-vous la réduire ?

HCO : Réduire la dette n’est pas un objectif en soi. Le véritable enjeu, c’est de remettre le Gabon sur le chemin de la croissance et du développement. Notre priorité, c’est de concrétiser les engagements du Président de la République : redonner leur dignité aux Gabonais, renforcer notre souveraineté — qu’elle soit énergétique, budgétaire, économique ou alimentaire. C’est cela notre projet : réaliser les promesses présidentielles avec un programme structurant.

TV5 MA : Concernant la souveraineté énergétique, le Gabon s’est réapproprié une partie de son pétrole. Avez-vous aujourd’hui la maîtrise des volumes produits et déclarés ?

HCO : La priorité est de réaliser un état des lieux exhaustif des finances publiques : recettes et dépenses. Sur les recettes, nous allons nettoyer notre fichier fiscal pour nous assurer que tout ce qui est prévu dans la loi de finances est bien collecté. Côté dépenses, nous allons distinguer les dépenses essentielles, prioritaires et accessoires. Ce travail nous permettra de mieux appréhender notre niveau réel d’endettement.

Nous allons également procéder au rebasage du PIB, en intégrant l’ensemble de nos richesses naturelles. Le Gabon ne se résume pas au pétrole. Nous avons aussi un sous-sol riche, un secteur forestier puissant. Tout cela doit être intégré dans le calcul de notre richesse nationale. Ensuite, en concertation avec les partenaires financiers internationaux, nous structurerons une stratégie de croissance durable et de transformation de notre économie.

TV5 MA : En parlant de souveraineté alimentaire, les prix de l’alimentation flambent, et l’inflation est ressentie par les ménages. Quelles sont vos solutions ?

HCO : Le chiffre officiel de l’inflation au Gabon est de 1,5 %, et non 4 %, madame. Mais nous savons que l’inflation dans notre zone est en grande partie importée. Nous devons donc apporter des solutions adaptées. C’est pourquoi nous envisageons de créer des centres d’achats qui permettront de contrôler les marges appliquées sur les produits importés et d’éviter les abus.

TV5 MA : Est-ce suffisant ?

HCO : Non, bien sûr. Pour garantir la souveraineté alimentaire, nous devons produire ce que nous consommons. Aujourd’hui, le Gabon produit ce qu’il ne consomme pas, et consomme ce qu’il ne produit pas. Nous devons inverser cette logique. C’est pourquoi nous avons lancé un programme ambitieux de relance agricole pour permettre aux Gabonais de consommer local.

TV5 MA : Le président Oligui Nguema a renoué avec le FMI. N’y a-t-il pas un risque d’austérité, comme par le passé, avec des politiques jugées antisociales ?

HCO : Il y a une citation célèbre d’Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et d’attendre des résultats différents. »

Le Gabon a connu 17 programmes avec le FMI, sans résultats probants en termes de croissance. Il est temps de changer d’approche. Nous voulons bâtir un programme par les Gabonais et pour les Gabonais, en sollicitant l’appui du FMI sur notre vision, et non en calquant leurs modèles.

TV5 MA : C’est possible, ça ?

HCO : Oui, je m’y engage personnellement. Nous allons lancer dans les prochains jours une réforme économique profonde, avec une réflexion collective, nationale. Une fois ce programme conçu en interne, nous solliciterons les financements extérieurs. Car nous croyons que le Gabon possède déjà, en lui-même, les ressources et les leviers nécessaires pour écrire une nouvelle page de son histoire.

C’est ça, l’ambition du Gabon Nouveau.

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