L’Étau se resserre sur la liberté d’informer au Niger : la liberté de la presse en danger ! Deux journalistes incarcérés, Agadez sous choc !
Dans l’aridité brûlante d’Agadez, carrefour saharien du Niger, un vent d’inquiétude souffle désormais sur les voix libres. Ce 13 juin 2025, le tribunal militaire de Niamey a frappé d’un coup sévère la liberté de la presse en plaçant sous mandat de dépôt deux journalistes de la radio Sahara FM, Hamid Mahmoud et Mahamane Bachir. Les autorités les ont incarcérés à la maison d’arrêt de Kollo, à une trentaine de kilomètres de la capitale. Accusés d’« atteinte à la défense nationale » et de « complot contre l’autorité de l’État », ils paient le prix fort d’un journalisme audacieux dans un pays où la parole critique s’apparente de plus en plus à un défi périlleux. Leur consœur, Massaouda Jaharou, bien que libérée provisoirement, demeure sous la coupe de la justice à Niamey, suspendue à l’incertitude d’une enquête opaque.
Sahara FM : la vengeance d’une information jugée « sensible»
L’affaire trouve ses racines dans la nuit du 9 au 10 mai, lorsque les forces de l’ordre ont interpellé ces trois figures de Sahara FM, pilier de l’information dans le nord nigérien, à Agadez. Par ailleurs, leur tort est d’ avoir relayé une information sensible, tirée du site LSI Africa, évoquant une prétendue rupture des liens sécuritaires entre le Niger et la Russie, partenaire stratégique de la junte au pouvoir depuis le coup d’État de juillet 2023. Après une brève libération le 9 mai, les journalistes furent de nouveau arrêtés, puis transférés le 14 mai à Niamey sous escorte. Dès lors, ils se sont retrouvés plongés dans un maelström judiciaire où les charges, lourdes et vagues, semblent taillées pour museler toute voix dissidente.
Niger : la liberté de la presse étranglée, un triste bilan se dessine
Ce n’est pas la première fois que Sahara FM, fondée en 2003 et profondément ancrée dans les réalités du désert, se heurte à l’ire des autorités. En 2008, sous le régime de Mamadou Tandja, la station fut déjà réduite au silence pour avoir donné voix aux victimes d’abus militaires. Aujourd’hui, l’histoire se répète sous une forme plus insidieuse et préoccupante. Le Niger, classé 83ᵉ au classement 2025 de Reporters sans Frontières pour la liberté de la presse, glisse dangereusement vers un climat où le journalisme indépendant devient un acte de bravoure quotidien. En effet, l’arrestation de ces reporters s’inscrit dans une litanie de répressions : en 2024, les autorités nigériennes ont emprisonné Idrissa Soumana Maiga, directeur de L’Enquêteur, pour un article sur des écoutes russes présumées, tandis qu’elles ont suspendu d’autres médias internationaux pour leur couverture des crises sécuritaires.
Appels à la libération des journalistes : la communauté internationale s’indigne
La Media Foundation for West Africa (MFWA) et le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) ont vivement dénoncé une « atteinte grave » à la liberté d’expression, exhortant Niamey à libérer ces journalistes sans condition. À Agadez, où Sahara FM donne voix aux communautés marginalisées et souvent oubliées, cette affaire résonne comme un avertissement clair et glaçant : informer, c’est risquer l’exil ou les fers de la prison. Pourtant, loin d’éteindre les consciences et la soif de vérité, cette répression pourrait bien galvaniser une résistance silencieuse, portée par ceux qui, comme Mahmoud, Bachir et Jaharou, refusent de plier sous la censure et continuent de croire en leur mission.
Dans un Niger en quête de souveraineté, où les alliances géopolitiques tanguent et où l’insécurité gronde à ses frontières, le sort de ces journalistes pose une question lancinante et fondamentale : peut-on réellement bâtir une nation forte et résiliente en bâillonnant ses messagers, ceux-là mêmes qui éclairent la lanterne du peuple ? À Kollo, derrière les murs froids de la prison, deux voix courageuses attendent justice. À Niamey, une troisième retient son souffle dans l’attente d’une décision. Et dans le vaste désert nigérien, le peuple écoute attentivement, espérant que la vérité, un jour prochain, reprendra enfin tout son souffle et sa liberté. L’avenir de la démocratie et de l’information au Niger est en jeu.
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