Niamey : L’Association Islamique du Niger, sentinelle des foyers face à la tourmente conjugale
Dans l’effervescence de Niamey, où les ruelles vibrent des pulsations d’une société en pleine mutation, l’Association Islamique du Niger (AIN) se dresse comme un phare de conciliation. En 2024, cette institution, pilier de la médiation matrimoniale dans un pays où l’islam imprègne les âmes et les mœurs, a révélé dans son rapport annuel une lueur d’espoir : une décrue notable des dissolutions conjugales, avec 1 433 divorces enregistrés contre 3 088 en 2021, et 2 565 réconciliations, un chiffre qui témoigne de la persévérance des oulémas à préserver l’unité des foyers. Dans un Niger où les unions coutumières prédominent et où l’état civil reste embryonnaire, l’AIN, forte de ses 50 ans d’existence, s’impose comme un rempart contre la fragilisation des liens sacrés du mariage, tout en offrant une réponse ancrée dans la tradition islamique à des maux contemporains.
Une mission sacrée : l’AIN, gardienne de l’harmonie conjugale au Niger
Fondée en 1974 sous l’égide de principes coraniques, l’AIN, dirigée par Djibril Soumaïla Karanta, s’est donné pour vocation d’accompagner l’État nigérien dans la résolution des fractures sociales, économiques et religieuses. Présente dans chaque région et commune, elle tisse un réseau de médiation qui transcende les frontières de Niamey, accueillant des requérants de l’intérieur du pays, de la sous-région et même de la diaspora. Chaque jour, entre 50 et 60 âmes franchissent le seuil de son siège à Niamey, cherchant conseil ou arbitrage pour des litiges aussi divers que l’héritage, les conflits fonciers ou, plus souvent, les tourments conjugaux.
Sous la houlette de son Secrétaire Général, Youssou Mounkaila, l’AIN applique une méthode rigoureuse, puisée dans les enseignements de l’islam. « Le divorce, bien que permis, est une voie détestée par Dieu », rappelle-t-il, citant un hadith qui guide leur action. Lorsqu’un couple se présente, l’écoute prime : Lorsqu’un couple se présente, l’écoute prime : l’association convie les deux conjoints et scrute leurs griefs avec une patience quasi-cérémonielle. Si la discorde persiste, elle accorde un délai d’un mois, suivi de périodes additionnelles de trois semaines, puis d’une semaine, avant une ultime médiation où nous impliquons des représentants familiaux.Ce processus, méthodique et empreint de gravité, vise à conjurer la rupture, privilégiant la réconciliation comme un acte de foi et de responsabilité sociale.
Les racines d’un mal contemporain : pourquoi les foyers nigériens sont-ils fragilisés ?
Les chiffres de 2024, bien qu’en baisse par rapport à l’année 2021, où 3 088 divorces avaient été enregistrés, révèlent une société aux prises avec des défis complexes. Parmi les causes invoquées, la polygamie, souvent mal assumée, sème des tensions, tandis que le mensonge réciproque – dissimulation des véritables intentions ou ressources avant le mariage – érode la confiance. L’incapacité de subvenir aux besoins familiaux, dans un contexte où 45,3 % de la population vit sous le seuil de l’extrême pauvreté, exacerbe les frictions. L’usage des téléphones, devenus vecteurs d’infidélité à travers messages, photos ou vidéos, constitue une nouvelle épreuve pour les couples, tout comme les tontines (foyandi), ces systèmes d’épargne communautaire qui, mal gérés, engendrent des conflits financiers. Enfin, l’infertilité, dans une société où la descendance est une valeur cardinale, demeure une source de douleur et de rupture.
Ces maux, amplifiés par une urbanisation rapide – 44 % des Nigériens vivent désormais en milieu urbain – et une jeunesse représentant 51 % de la population, traduisent les tensions d’un Niger en transition. Les mariages, souvent arrangés par des entremetteurs dans une société où les rencontres libres restent rares, souffrent parfois d’une méconnaissance mutuelle des conjoints, précipitant des unions fragiles.
Une lueur d’espoir : les réconciliations, les victoires de l’AIN pour les familles
Pourtant, l’AIN ne se contente pas de comptabiliser les échecs. Avec 2 565 réconciliations en 2024, contre 4 013 en 2023 et 4 057 en 2021, elle démontre une efficacité remarquable dans sa mission de sauvegarde des foyers. Cette constance, dans un contexte dans lequel les divorces ont chuté de 3 088 en 2021 à 1 433 en 2024, témoigne d’un travail acharné des oulémas pour ramener les couples à la raison et à l’harmonie. « Notre action vise avant tout à préserver les foyers », insiste Youssou Mounkaila, soulignant l’impact social des ruptures, notamment sur les enfants, souvent victimes collatérales de la délinquance ou de la précarité.
L’approche de l’AIN, exempte de police ou d’avocats, repose sur une application stricte des préceptes islamiques, qui préconisent quatre étapes avant le divorce : le conseil, la séparation temporaire du lit conjugal, une admonestation légère et, enfin, la médiation familiale. Cette rigueur, alliée à une patience méthodique, a permis à de nombreux couples de surmonter leurs différends, offrant une alternative aux tribunaux où les divorces, moins documentés, échappent souvent aux statistiques.
Un défi sociétal : l’AIN plaide pour l’éducation et la prévention
L’AIN, consciente de l’ampleur du phénomène, plaide pour une réforme profonde des mentalités. Youssou Mounkaila appelle à la création d’un centre national de formation pour éduquer les jeunes aux droits et aux devoirs conjugaux, conformément à la Sunna. Dans un pays où les mariages précoces touchent 28 % des adolescentes avant 15 ans et où les unions sont souvent marquées par des pressions économiques et sociales, une telle initiative pourrait prévenir les ruptures en préparant mieux les futurs époux.
L’urbanisation galopante de Niamey, couplée à une économie sous tension – avec une inflation de 9,1 % en 2024 – accentue les pressions sur les ménages. Pourtant, l’AIN, par son ancrage dans les valeurs islamiques et son rayonnement national, offre un modèle de résilience. Ses interventions, qui s’étendent aux litiges fonciers et aux questions d’héritage, témoignent d’une ambition plus large : celle d’une société nigérienne où la cohésion sociale prime sur les fractures.
L’AIN, un espoir tenace pour les foyers nigériens face aux défis modernes
À Niamey, l’Association Islamique du Niger se tient à la croisée des chemins, entre tradition et modernité, entre crises conjugales et aspirations à l’harmonie. En 2024, ses efforts ont porté leurs fruits, réduisant les divorces tout en maintenant un haut niveau de réconciliations. Dans une capitale où les défis de l’urbanisation, de la pauvreté et des nouvelles technologies redessinent les dynamiques conjugales, l’AIN incarne un espoir tenace : celui d’un Niger où les foyers, malgré les tempêtes, retrouvent la sérénité. Par sa patience, sa rigueur et sa foi, elle rappelle qu’au cœur de chaque crise se trouve une opportunité de renaissance, pour les couples comme pour la nation.
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