Dans l’épais brouillard des négociations engagées par les Etats-Unis, l’Ukraine se rapproche-t-elle de la paix ? Pour renouer le dialogue avec Washington, Kiev a accepté sa proposition de trêve inconditionnelle de 30 jours. Moscou l’a rejetée et fait monter les enchères, misant sur l’impatience de Donald Trump de sceller un « deal ».
Voici les principaux points d’achoppement depuis deux mois et les positions de chacun.
– Territoires –
L’Ukraine veut le retour à ses frontières internationalement reconnues depuis 1991, à la chute de l’URSS. Pour elle, Moscou doit renoncer aux cinq régions annexées: la Crimée depuis 2014 et quatre régions occupées de l’est et du sud (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson).
M. Zelensky évoque la possibilité de monnayer quelques centaines de km2 occupés par les troupes ukrainiennes dans la région russe de Koursk.
Ukraine: Zelensky se dit prêt à des concessions si l’Otan protège les territoires contrôlés par Kiev
Vladimir Poutine ne dévie pas d’une position maximaliste: il réclame la reddition de l’Ukraine, la destitution de Volodymyr Zelensky et le contrôle entier des cinq régions annexées par la Russie. Il s’oppose à un échange impliquant la région de Koursk.
Les Etats-Unis ont jugé irréaliste un retour aux frontières d’avant 2014 et semblent imaginer un accord sur la base des lignes de front actuelles.
– Garantie de paix –
Kiev réclame une « paix juste » et des garanties de sécurité par les Européens et les Américains. Autrement, dit-elle, rien n’empêchera une nouvelle agression russe. Volodymyr Zelensky demandait fin janvier au moins 200.000 soldats européens.
Washington exclut tout déploiement de soldats américains et préfère un accord économique.
Une mission de maintien de la paix internationale reste « très hypothétique », affirme l’ONU le 25 mars. Une « coalition de volontaires » d’une trentaine de pays de l’UE et de l’Otan évoquent, deux jours plus tard, la formation d’une « force de réassurance ».
Côté russe, c’est une opposition de principe: les forces de l’Otan, considérée comme une menace existentielle, ne fouleront pas le sol ukrainien. Depuis l’invasion de 2022, Vladimir Poutine veut l’arrêt de l’aide occidentale et une « démilitarisation » de l’Ukraine.
– L’adhésion à l’Otan –
La Russie a toujours refusé l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan et en fait une condition aux pourparlers de paix.
Pour Kiev, intégrer l’Otan est une garantie de sécurité supplémentaire, une ambition sur laquelle les pays membres sont aujourd’hui plus divisés.
Une adhésion de l’Ukraine n’est « pas réaliste », affirme le 12 février Donald Trump, féroce critique de l’Organisation atlantique.
L’Ukraine est sur une « voie irréversible » vers l’Otan, rétorque le Premier ministre britannique Keir Starmer.
– Infrastructures énergétiques –
Le 18 mars, MM. Poutine et Trump conviennent d’une trêve limitée aux infrastructures énergétiques, fortement ciblées des deux côtés depuis 2022.
Raffineries, gazoducs et centrales électriques seraient concernés par cette trêve, selon le président Zelensky, après des pourparlers le 25 à Ryad entre Moscou et Washington.
Zelensky prêt à des échanges de territoires, signes de détente entre Washington et Moscou
Mais les frappes se poursuivent.
En trois ans, les Russes ont ravagé le système énergétique ukrainien, plongeant régulièrement les civils dans le froid et le noir. Les Ukrainiens ont rétorqué notamment avec des drones qui ont fait brûler nombre de terminaux pétroliers russes.
Donald Trump veut aussi faire passer sous contrôle américain la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par les Russes. Volodymyr Zelensky s’y oppose. Rien ne dit que Vladimir Poutine acceptera de la rendre.
– Mer Noire –
La mer Noire apparaît au centre de négociations quand Moscou et Kiev acceptent le 25 mars d’y cesser les hostilités: depuis le début du conflit, la Russie y bombarde régulièrement infrastructures portuaires et bateaux ukrainiens à quai, tandis que l’Ukraine est parvenue à maintenir un couloir pour ses exportations de céréales et a coulé des navires de guerre russes.
Pour Moscou, la trêve est envisageable à une condition, sans contrepartie : la « levée » des sanctions occidentales qui freinent ses propres exportations maritimes.
Réponse de l’UE: pas de levée de sanctions avant un retrait « inconditionnel » des forces russes d’Ukraine.
Washington se dit prêt à aider Moscou à exporter ses produits agricoles et engrais sur les marchés mondiaux.
Cette possibilité n’était pas « dans notre agenda, la partie américaine l’a soulevée », déplore M. Zelensky.
– Les minerais ukrainiens –
Depuis le 3 février, le président Trump réclame l’accès à 50% des minerais jugés stratégiques en compensation de l’aide américaine. Son vice-président, JD Vance, voit dans un accord économique « une meilleure garantie de sécurité » que des soldats.
La Russie se dit favorable aux investissements américains dans les régions ukrainiennes conquises.
L’Ukraine réclame des « garanties de sécurité » avant de signer. « Je ne peux pas vendre notre pays », insiste en février Volodymyr Zelensky, qui préfère un « partenariat ».
Une première proposition américaine d’accord échoue mi-février. Le 28 une autre tentative de signature vire à l’altercation historique entre M. Zelensky et Trump.
Le 11 mars, Kiev et Washington envisagent encore une conclusion « dès que possible ». La dernière proposition américaine n’est pas connue en détails.
Source: Agence France-Presse

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