Renouvellement du bureau de l’ACTN à Maradi : entre Tradition et Responsabilité
Ce 28 avril, la ville de Maradi, carrefour culturel et économique du Niger, a été le théâtre d’un événement aussi solennel que significatif : le renouvellement du bureau régional de l’Association des Chefs Traditionnels du Niger (ACTN). En effet, sous la présidence du gouverneur de la région, le Contrôleur Général de Police Mamane Issoufou, cette cérémonie, tenue dans la salle de réunion du gouvernorat, a marqué un tournant dans la consolidation du rôle des chefferies traditionnelles face aux défis contemporains. Par ailleurs, avec l’élection consensuelle d’un nouveau bureau dirigé par l’Honorable Ahmed Ali Zaki, cet événement offre une leçon précieuse sur la symbiose entre tradition, gouvernance et engagement citoyen. Décryptons les enjeux, les acteurs et les implications de cette refondation, où l’héritage ancestral se conjugue avec les impératifs de la modernité.
Face aux menaces sécuritaires, le gouverneur de Maradi appelle les Chefs Traditionnels à l’unité et à la mobilisation
D’ailleurs, cet événement clé, marquant une refondation attendue de cette institution essentielle, a débuté par une cérémonie solennelle et chargée de sens. La réunion s’est ouverte dans une atmosphère de gravité, en présence des chefs de canton, des responsables des Forces de Défense et de Sécurité, et de figures éminentes de la région, dont l’Honorable Abdou Balla Marafa, sultan de Katsina et président d’honneur du nouveau bureau.
En plus, le gouverneur Mamane Issoufou, dans son allocution inaugurale, a planté le décor avec une lucidité empreinte de respect. Évoquant les « menaces sécuritaires » qui continuent de peser sur le Niger – des incursions de groupes armés dans la région de Diffa aux tensions transfrontalières avec le Nigeria – il a appelé les chefs traditionnels à intensifier leurs prières et leur mobilisation communautaire. « Vingt-et-un mois durant, vous avez fait vos preuves », a-t-il déclaré, saluant leur rôle de sentinelles sociales dans un pays en quête de stabilité.
Une refondation par l’unité : le consensus à Maradi, symbole d’une chefferie qui veut retrouver sa place
Le choix du consensus, prôné par le gouverneur comme garant de cette unité souhaitée face aux défis, n’était pas anodin. À l’image des bureaux renouvelés à Dosso et Zinder les 15 et 13 avril 2025, où les chefs de Dioundiou et du Damagaram ont été élus par accord collectif, Maradi a opté pour une démarche unitaire, évitant ainsi les rivalités électorales. Ce processus, comme l’a souligné Ousseyni Soumana à Dosso, s’inscrit dans une « refondation » des structures de l’ACTN, visant à restaurer la dignité et l’influence des chefferies, souvent marginalisées sous les régimes précédents.
Une nouvelle équipe aux Rênes : Ahmed Ali Zaki élu président pour piloter la chefferie dans une région stratégique
Fruit de ces concertations et de ce processus unitaire, une nouvelle équipe a été désignée pour incarner cette refondation de la chefferie régionale. À l’issue des concertations, un bureau de quatre membres a été désigné : l’Honorable Ahmed Ali Zaki, chef de canton respecté, prend ainsi les rênes comme président, secondé par l’Honorable Abdou Balla Marafa, président d’honneur. Mahamane Laouali Dan Jimmo, nommé secrétaire général, et Mamane Hamissou Daka, trésorier, complètent cette équipe, chargée de piloter les activités associatives dans une région stratégique, frontalière du Nigeria et confrontée à des défis comme l’insécurité alimentaire et le banditisme.
Ahmed Ali Zaki : ‘Les chefs doivent être des forces de composition’, une vision audacieuse pour l’avenir de la chefferie
Cette équipe, désormais en place et forte de sa légitimité issue du consensus, se dote d’une feuille de route ambitieuse, présentée par son nouveau président. Dans son discours d’investiture, Ahmed Ali Zaki a tracé une feuille de route ambitieuse. « Nous sommes dans l’ère de la refondation », a-t-il proclamé, appelant à une transformation profonde de la chefferie traditionnelle. Pour lui, les chefs ne doivent plus se contenter d’un rôle symbolique : ils doivent devenir des « forces de composition », des médiateurs entre l’État et les communautés, des acteurs clés dans la gestion sécuritaire et administrative. Cette vision, qui fait écho aux réformes impulsées par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), place les chefs traditionnels au cœur de la gouvernance locale.
Héritage Ancestral et Missions Modernes : Le rôle des Chefs Traditionnels, piliers de la culture et de la gouvernance
Pour mieux comprendre la portée de cette vision nouvelle et le rôle central des chefs dans la gouvernance moderne, il faut examiner leur rôle historique et contemporain au Niger. Pour comprendre l’importance de ce renouvellement, il faut se pencher sur le rôle historique et contemporain des chefferies au Niger. Héritiers des royaumes précoloniaux haoussa, zarma et touareg, les chefs traditionnels sont des gardiens de la culture et des valeurs sociétales. À Maradi, où le sultanat de Katsina a jadis rayonné, ils incarnent une autorité morale, arbitrant les conflits fonciers, présidant aux cérémonies rituelles et mobilisant les communautés pour des causes nationales, comme l’éradication de la polio en 2004.
Rempart contre l’Instabilité : Le CNSP s’appuie sur les Chefs Traditionnels pour la sécurité et la cohésion communautaire
Ce rôle historique et culturel, qui a perduré à travers les époques, s’est formalisé au fil du temps et bénéficie aujourd’hui d’un regain d’intérêt étatique, notamment sous la transition actuelle. Sous la présidence de Mamadou Tandja (1999-2010), l’ACTN a été formalisée pour fédérer ces leaders, leur conférant un rôle consultatif auprès de l’État. Plus récemment, depuis son arrivée en 2023, le CNSP, dirigé par le Général Abdourahmane Tiani, a redonné du lustre à cette institution, la considérant comme un rempart contre l’instabilité. À Niamey, le 22 mars dernier, le gouverneur Assoumane Abdou Harouna exhortait les chefs à contrer les « propos haineux », illustrant leur fonction de relais communautaires. À Maradi, leur implication dans la collecte des contributions au FSSP et la sensibilisation contre l’insécurité en fait des acteurs incontournables.
Au Cœur de la Gouvernance Locale : L’élection de Maradi, un exemple de refondation par le dialogue
L’élection de Maradi, en particulier, illustre concrètement les principes et les enjeux de cette refondation et de ce partenariat État-chefferie prônés par le CNSP. L’élection du bureau de Maradi enseigne plusieurs vérités. Premièrement, le consensus, loin d’être une simple formalité, reflète une sagesse collective, ancrée dans les traditions haoussa où le dialogue prime sur la confrontation. Deuxièmement, la « refondation » prônée par Zaki invite à repenser le rôle des chefs dans un Niger confronté à des crises multidimensionnelles – sécuritaire, climatique, économique.
Vers la stabilité : le nouveau bureau ACTN Maradi, espoir d’une chefferie forte au service de la nation
Forts de ces leçons et de ce nouveau départ démarré par le consensus, les acteurs de la chefferie traditionnelle à Maradi regardent vers l’avenir avec détermination. En clôturant la cérémonie, le gouverneur Mamane Issoufou a réitéré sa confiance en la sagesse des chefs, les exhortant à « continuer les invocations » pour un Niger en paix. Ahmed Ali Zaki, en écho, a promis de faire du bureau un outil de concorde et de progrès. Alors que Maradi, avec ses 3,5 millions d’habitants et sa proximité avec le Nigeria, navigue entre défis et opportunités, ce nouveau bureau incarne une espérance : celle d’une chefferie réinventée, au service d’un Niger uni et résilient.
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