Kati /Mali, 28 février 2025 – Hier, jeudi, une aube encore engourdie de sommeil a été brutalement secouée par une salve de violence sur la route reliant Kati à Soribougou. Le convoi du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, serpentant à travers les premières lueurs du jour, est tombé dans les griffes d’une attaque aussi soudaine que meurtrière. Le bilan, aussi lourd qu’un ciel d’orage, fait état d’au moins deux âmes fauchées, dix autres marquées par les stigmates de la douleur, et de deux véhicules réduits à l’état de carcasses fumantes. Dans ce coin du Mali où la paix semble un mirage vacillant, cet assaut ravive les braises d’une insécurité qui refuse de s’éteindre.
Kati-Soribougou : un piège tendu dans l’ombre
L’attaque, survenue aux heures où le soleil peine encore à percer l’horizon, a pris pour cible un cortège qui, en apparence, ne faisait que son devoir. La ministre Doumbia Mariam Tangara roulait entouré de son escorte dans une région pourtant jugée moins hostile que les étendues désertiques du nord ou les bourbiers du centre. Mais les assaillants, tapis dans l’obscurité comme des prédateurs guettant leur proie, ont surgi avec une précision glaçante. Des tirs nourris, des explosions sourdes : en quelques instants, la quiétude matinale a cédé la place à un chaos où chaque seconde pesait une éternité.
Les premiers témoignages, glanés auprès de sources proches de l’événement, dessinent une scène d’épouvante. « Les balles sifflaient comme un essaim en furie », confie un rescapé, le regard encore hanté par la violence. Deux vies se sont éteintes sur le bitume, tandis que dix autres, blessées, portent désormais les cicatrices d’une agression dont le mobile reste, pour l’heure, enveloppé de mystère. Deux véhicules, symboles d’une mission brutalement interrompue, gisent éventrés, témoins muets d’une rage qui ne faiblit pas.
Une menace sans frontières
Cet assaut n’est pas un cri isolé dans le désert malien. Il s’inscrit dans une litanie macabre qui, ces dernières semaines, a vu la peur s’étendre comme une marée inexorable. À peine deux semaines plus tôt, le 13 février, le convoi du ministre de l’Enseignement supérieur, Bouréma Kansaye, avait essuyé une attaque près de Niéna, dans la région de Sikasso, laissant quatre gendarmes blessés. Désormais, c’est au tour de l’axe Kati-Soribougou, si proche de Bamako, de devenir le théâtre d’une guerre larvée qui défie les cartes et les pronostics.
Longtemps cantonnés aux confins arides du Nord et aux plaines centrales, les groupes armés, qu’ils soient liés à Al-Qaïda ou à d’autres nébuleuses, semblent tendre leurs filets plus près du cœur battant du pays. Cette nouvelle audace, qui frappe aux portes de la capitale, sonne comme un défi lancé aux autorités maliennes.
Un peuple au bord du précipice
Au-delà des chiffres et des actions conjointes, ce sont des vies humaines qui s’effilochent dans cette spirale. Les deux victimes, anonymes pour l’instant, rejoignent une liste trop longue de Maliens emportés par un conflit qui n’épargne ni les civils ni les représentants de l’État. Les dix blessés, eux, luttent pour panser leurs plaies, physiques comme invisibles, dans un pays où les hôpitaux peinent souvent à répondre à l’urgence. Quant aux véhicules détruits, ils incarnent une fragilité plus large : celle d’un État qui, malgré sa détermination, voit ses fondations ébranlées.
Les autorités, dans un silence encore prudent, poursuivent leurs investigations pour identifier les auteurs de cette embuscade. Les soupçons, comme souvent dans cette région du Sahel, se tournent vers des groupes terroristes dont les noms JNIM, État islamique au Grand Sahara résonnent comme des spectres familiers. Mais au-delà des coupables, une question flotte dans l’air poussiéreux de Kati : jusqu’où cette violence ira-t-elle avant qu’un semblant de paix ne puisse émerger ?
Un appel à l’endurance
Hier, sur l’axe Kati-Soribougou, le Mali a une fois encore été confronté à sa propre vulnérabilité. Mais dans les regards des survivants, dans la ténacité des forces qui ont riposté, persiste une lueur d’opiniâtreté. Cet attentat, aussi cruel soit-il, ne saurait réduire un peuple à la résignation. Alors que les enquêtes se déploient et que les blessés reprennent souffle, une certitude demeure : chaque jour qui passe est un combat pour que demain ne soit pas un simple écho d’hier. À Kati, comme ailleurs au Mali, la route reste longue, mais elle n’est pas insurmontable.
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