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Makalondi sous l’étreinte de la terreur : une nuit d’effroi embrase Tillabéri

Dans les ténèbres épaisses de la nuit du 7 avril, alors que la quiétude enveloppait encore les âmes endormies, le quartier Bariki de Makalondi, niché dans la commune de Torodi au cœur de la région de Tillabéri, a été le théâtre d’un assaut d’une sauvagerie implacable. Vers une heure du matin, des ombres furtives, armées jusqu’aux dents, ont surgi des confins de l’obscurité pour semer la désolation dans cette bourgade paisible, distante d’à peine une centaine de kilomètres de Niamey et frôlant la frontière burkinabè. Avec une audace glaçante, ces assaillants ont pillé et livré aux flammes plusieurs échoppes, transformant en un instant des lieux de vie en brasiers hurlants, avant de s’évanouir dans l’immensité nocturne, laissant derrière eux un peuple hagard et une terre meurtrie.

Makalondi : une razzia méthodique dans l’antre de la nuit

L’incursion, d’une précision presque chorégraphiée, s’est déroulée sous le voile d’une heure indue, lorsque le sommeil tient encore les consciences captives. Les boutiques, modestes sanctuaires du commerce local, ont été vidées de leurs biens avec une voracité méthodique, comme si les intrus cherchaient à priver la communauté de ses ressources vitales. Puis, dans un crescendo de fureur, le feu a été convié à parachever leur œuvre : les flammes, voraces et indomptées, ont englouti ce qui restait, projetant dans le ciel des volutes de fumée âcre, témoins muets d’une violence sans nom. Ce n’était pas une simple attaque, mais une entreprise de désolation, un message gravé dans les cendres pour instiller la peur au plus profond des cœurs.

La population, tirée de sa torpeur par les craquements du feu et les échos d’une menace invisible, n’a eu d’autre recours que la fuite. Les ruelles, jadis animées par les rires et les échanges, se sont muées en chemins d’exode. De nombreux habitants ont abandonné le chef-lieu de Makalondi et les hameaux voisins, cherchant refuge à Torodi, plus à l’est, ou poussant leur errance jusqu’à la capitale, Niamey, dans une quête désespérée de sécurité. Cette migration, née de l’instinct de survie, a amplifié une psychose déjà palpable, chaque bruit nocturne devenant une menace, chaque ombre un présage.

Un écho dans une région tourmentée 

Cet assaut n’est pas un orage isolé dans le ciel de Tillabéri. La région, enserrée dans la zone dite des « trois frontières », ce carrefour périlleux où se croisent Niger, Burkina Faso et Mali, vit depuis des années sous la menace constante des groupes armés. Makalondi, dernière sentinelle nigérienne avant la lisière burkinabè, a déjà ployé sous des attaques similaires par le passé. En mars 2023, des hommes lourdement armés avaient incendié le poste de police local, blessant un civil dans leur sillage. Quelques mois plus tard, en juillet, une embuscade sur la route Torodi-Makalondi fauchait un gendarme et quatre civils, marquant les esprits d’une empreinte indélébile. Cette récurrence transforme la vie quotidienne en une danse fragile sur le fil de l’incertitude.

Les assaillants de cette nuit d’avril, bien que non identifiés avec certitude au moment où ces lignes s’écrivent, portent la signature d’une violence qui évoque les agissements de factions telles que Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), dont les actes de prédation sévissent dans le Sahel. Leur repli, exécuté avec une célérité qui défie les forces de l’ordre, laisse supposer une connaissance intime du terrain, une maîtrise des voies d’évasion dans cette mosaïque de savanes et de collines.

Makalondi : une communauté ébranlée, un exode silencieux

L’onde de choc de cette incursion a transcendé les limites de Bariki pour étreindre l’ensemble de la commune. Les familles, arrachées à leurs foyers, ont emporté avec elles le peu qu’elles pouvaient sauver, laissant derrière elles des maisons devenues des coquilles vides. À Torodi, les récits des rescapés affluent, mêlant stupeur et résignation : des vies bouleversées, des commerces réduits en cendres, des rêves calcinés dans la furie des flammes. À Niamey, plus loin encore, les autorités, bien que muettes jusqu’ici sur l’ampleur exacte du drame, ne peuvent ignorer la clameur d’un peuple en quête de protection.

La Gendarmerie nationale, fraîchement placée sous le commandement du Colonel-major Kimba Tahirou ce même 7 avril, se trouve d’emblée confrontée à une épreuve de taille. Cette coïncidence temporelle, si elle n’a pas de lien direct avec l’attaque, place le nouveau chef face à un défi inaugural : restaurer la confiance dans une région où la peur s’est faite souveraine. Les forces de sécurité, déployées massivement dans Tillabéri depuis des années, peinent encore à juguler une menace qui se joue des frontières et des dispositifs militaires.

Une lueur vacillante dans le chaos

Pourtant, au milieu de ce tumulte, des murmures d’espoir percent parfois. Les habitants, dans leur exode, portent en eux une résilience forgée par des années d’épreuves. Les récits des anciens évoquent une terre qui, malgré les blessures, a toujours su panser ses plaies. Mais ce 7 avril 2025, la cicatrice est encore vive, et la question demeure : jusqu’où s’étendra cette spirale de violence ? Makalondi, jadis havre modeste, est aujourd’hui un symbole de la fragilité d’une région où la paix semble un horizon fuyant.

Le silence des autorités, l’absence de bilan officiel, ne font qu’alimenter les conjectures. Les flammes de Bariki ont-elles consumé plus que des boutiques ? Ont-elles emporté des vies dans leur furie ? Et surtout, quelle réponse saura conjurer la crainte qui, nuit après nuit, s’insinue dans les âmes ?


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