Après avoir fait l’éloge du Gabon qui, sous l’ère de la transition et du CTRI, a gagné 53 places en deux ans, passant de la 94ème marche en 2023 à la 56ème en 2024 et à la 41ème place cette année sur 180 pays évalués sur la carte du classement mondial de la liberté de la presse, dressée chaque année par Reporters sans frontières (RSF) et pointé les zones d’ombres qui subsistent ; RSF décline les 10 propositions clés pour achever le chantier de la construction d’une presse libre et indépendante au Gabon. Ci-dessous, le répertoire complet des préconisations de l’organe de défense des droits des journalistes soumises à la bienveillance des gouvernants, acteurs et régulateurs du paysage médiatique national.
Amender les articles problématiques du Code de la communication de 2016 : ce code a permis une avancée majeure en mettant fin aux peines privatives de liberté pour les délits de presse, mais contient des dispositions floues qui empêchent les journalistes de savoir à quels risques ils s’exposent et pour quels faits.
Garantir un accès aux sources officielles du gouvernement pour tous les journalistes du pays, particulièrement les journalistes indépendants.
Condamner systématiquement et publiquement les attaques contre les journalistes et assurer l’ouverture d’enquêtes pénales pour que leurs auteurs soient identifiés et poursuivis.
Mettre un terme aux intimidations dont sont victimes les journalistes, notamment au travers de convocations par des services de sécurité sur la base du Code pénal.
Mettre un terme aux suspensions arbitraires de médias qui se sont multipliées ces dernières années.
Réintégrer les journalistes dans le processus de nomination des membres de la Haute Autorité de la communication (HAC), l’organe de régulation des médias gabonais, aujourd’hui uniquement entre les mains du président de la République et des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale.
Amender la loi organique régissant la HAC, notamment son article 55 qui laisse à son président la possibilité de sanctionner un média sans réunir les neuf membres de l’organe.
Rendre transparent, accessible et inclusif le processus d’accréditation pour les journalistes de la presse étrangère, en communiquant sur le nombre d’accréditations délivrées et en justifiant objectivement celles qui sont refusées.

Sensibiliser les autorités judiciaires et les forces de l’ordre pour garantir que la fin des peines privatives de liberté pour des délits de presse prévue par ce code soit effectivement respectée.
Apporter un soutien financier transparent et impartial aux entreprises de presse publiques et privées.
« Après les engagements pris par le président Brice Clotaire Oligui Nguéma alors qu’il était encore président de la transition, son élection à la tête du pouvoir est l’occasion de concrétiser les avancées et de garantir le respect d’une presse libre et indépendante. Nous lui adressons 10 recommandations clés afin d’améliorer l’exercice du journalisme dans le pays », explique Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières.
Alph’-Whilem Eslie
*Source: Carte du classement mondial de la liberté de la presse 2025 de RSF / Gabon

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