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Le défilé de 9 mai : une leçon de mémoire à Moscou

80 ans de la Victoire : À Moscou, une parade sous haute tension unissant histoire, résilience et diplomatie mondiale

Chaque 9 mai, la Place Rouge de Moscou se transforme en un sanctuaire de mémoire, où la Russie célèbre la victoire de l’Union soviétique sur l’Allemagne nazie en 1945, un triomphe forgé dans le sacrifice de millions de vies. Pour l’édition 2025, marquant le 80ᵉ anniversaire de cette «  Grande Guerre patriotique  », une constellation de dirigeants mondiaux convergera vers la capitale russe, défiant les tensions géopolitiques et les mises en garde occidentales. De Xi Jinping à Luiz Inácio Lula da Silva, en passant par Ibrahim Traoré et Robert Fico, cette parade ne sera pas seulement une commémoration militaire, mais une leçon magistrale d’histoire, de résilience et de diplomatie. Plongeons dans cet événement, où chaque détail révèle les fils complexes du passé et du présent.

La Place Rouge, miroir de l’Histoire : honorer 1945 dans une Russie qui réaffirme son influence mondiale

Cet événement n’est pas qu’un simple défilé militaire ; c’est une célébration profondément ancrée dans l’histoire russe. Le jour de la Victoire, institué en 1945, est bien plus qu’une fête nationale en Russie  : il est un pilier de l’identité collective, honorant les 27 millions de Soviétiques – soldats et civils – tombés pour vaincre le nazisme. Cette année, cet événement revêt une solennité particulière  : le 80ᵉ anniversaire coïncide avec une période de fractures géopolitiques, où la Russie, sous la présidence de Vladimir Poutine, cherche à réaffirmer son influence face à un Occident divisé.

Poutine et les leaders du Monde : la parade dès 80 ans, un événement spectaculaire qui défie l’isolement

Cette solennité historique et ce contexte géopolitique particulier se matérialiseront spectaculairement sur la Place Rouge. La parade, retransmise dans le monde entier, débutera à 10 heures par une allocution de Poutine, suivie d’une démonstration militaire mettant en valeur des équipements modernes comme le char T-14 Armata et le missile hypersonique Kinjal. Mais au-delà de la prouesse technique, c’est la présence d’une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement qui donnera à cette édition une portée exceptionnelle, témoignant de l’attractivité persistante de Moscou sur la scène internationale.

Cette présence internationale d’une ampleur exceptionnelle constitue en soi un message politique fort, défiant les mises en garde occidentales. L’assemblée de leaders attendus dessine une mosaïque d’alliances et de pragmatisme diplomatique.

Xi et Lula : deux figures majeures symbolisant les alliances face à l’Occident

Parmi cette mosaïque, certains leaders incarnent des partenariats stratégiques majeurs. Parmi eux, Xi Jinping, président de la Chine, incarne le partenariat stratégique sino-russe, renforcé par des accords économiques et militaires face aux sanctions occidentales. Luiz Inácio Lula da Silva, leader brésilien, apportera la voix du sud global, soulignant l’importance des BRICS dans un monde multipolaire.

Voix du Sud et Combat pour la justice : alliés traditionnels présents à Moscou

Au-delà de ces poids lourds géopolitiques, d’autres leaders symbolisent des alliances historiques et des combats contemporains. Nicolás Maduro (Venezuela) et Miguel Díaz-Canel (Cuba), fidèles alliés de Moscou, rendront hommage à la résistance contre l’impérialisme, tandis que Mahmoud Abbas (Palestine) rappellera les combats pour la justice mondiale.

Le continent africain sera également un acteur visible de ce rassemblement diplomatique. L’Afrique sera représentée par Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso, dont la présence symbolise l’ancrage croissant de la Russie sur le continent, notamment via des partenariats sécuritaires face à l’influence déclinante de la France.

Le cœur de la CEI à Moscou : les alliés historiques réaffirment leurs liens

Les voisins historiques de la Russie seront également présents, reflétant des liens anciens et des réalités complexes. Les leaders des ex-républiques soviétiques – Ilham Aliyev (Azerbaïdjan), Alexandre Loukachenko (Biélorussie), Kassym-Jomart Tokayev (Kazakhstan), Shavkat Mirziyoyev (Ouzbékistan), Sadyr Japarov (Kirghizistan), Emomali Rahmon (Tadjikistan) et Serdar Berdimuhamedov (Turkménistan) – réaffirmeront les liens historiques au sein de la Communauté des États indépendants (CEI), malgré les tensions régionales, comme celles entre l’Arménie de Nikol Pashinyan et l’Azerbaïdjan.

Un équilibre fragile en Europe : Vučić, Fico, Dodik… une présence controversée à la Place Rouge

L’Europe, quant à elle, présentera un visage plus divisé et controversé. L’Europe, quant à elle, sera représentée par des figures controversées  : Aleksandar Vučić (Serbie), Robert Fico (Slovaquie) et Milorad Dodik (République serbe de Bosnie). Leur participation, malgré les mises en garde de l’Union européenne, illustre une fracture au sein du Vieux Continent. L’UE a averti que la présence à Moscou pourrait compromettre les aspirations européennes de la Serbie et ternir l’image de la Slovaquie, membre de l’UE, accusant ces leaders de complaisance envers la Russie dans le contexte de la guerre en Ukraine. Pourtant, Vučić, dépendant du gaz russe, et Fico, critique des sanctions occidentales, ont choisi de privilégier leurs relations avec Moscou, défiant ainsi Bruxelles.

Sous haute tension : le 9 mai, baromètre d’un monde multipolaire face à l’Occident

L’ensemble de ces présences, diverses et parfois inattendues, s’inscrit dans une dynamique géopolitique mondiale sous haute tension. La présence de ces dirigeants n’est pas anodine  : elle reflète un réalignement géopolitique où la Russie, malgré l’isolement tenté par l’Occident, conserve des alliés influents. La parade de 2025 intervient dans un climat tendu, marqué par le conflit russo-ukrainien et l’émission d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Poutine en 2023, qui a dissuadé plusieurs leaders occidentaux de participer. Pourtant, la liste des invités montre que Moscou reste un pôle d’attraction pour les nations du sud et de l’est, qui voient dans cet événement une occasion de défier l’hégémonie occidentale.

Entre héritage et géopolitique : les motivations complexes derrière la présence des dirigeants

Ces choix diplomatiques, observés sous haute tension, trouvent leurs racines dans la mémoire historique et les réalités géopolitiques actuelles. La présence de ces dirigeants reflète un réalignement géopolitique… De plus, la mémoire commune de la Seconde Guerre mondiale joue un rôle. Ainsi, le Vietnam, représenté par Tu Lam, et des leaders centrasiatiques comme Mirziyoyev et Tokayev, illustrent cette dynamique qui s’explique également par une volonté de diversifier leurs alliances face aux pressions sino-américaines, tout en honorant une mémoire commune  : des milliers de soldats de leurs pays ont combattu aux côtés de l’Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale. Lula, quant à lui, envisage des discussions avec Poutine sur un règlement pacifique en Ukraine, renforçant son rôle de médiateur global.

La Mémoire en marche : le défilé du 9 mai, une leçon d’histoire vivante pour le public

Au-delà des enjeux diplomatiques et des stratégies d’alliance, le défilé est avant tout une immersion dans une leçon d’histoire vivante pour le public russe et mondial. Pour le public, le défilé est une immersion dans une histoire où le sacrifice soviétique – 20 à 27 millions de morts, selon les estimations – a changé le cours du XXᵉ siècle. Les vétérans, portant leurs médailles, défileront aux côtés des unités modernes, tandis que des fanfares entonneront des airs emblématiques comme Triumph of the Winners et Farewell of Slavianka. Le «  Régiment immortel  », une marche populaire où les citoyens brandissent les portraits de leurs ancêtres tombés, suivra la parade militaire, ajoutant une touche poignante à la célébration, bien que cette tradition ait été limitée en 2023 pour des raisons de sécurité.

Héritage pour demain : Transmettre la flamme de l’histoire aux jeunes générations

Cette leçon d’histoire vivante porte un message particulier pour les jeunes générations. Pour les jeunes générations, cet événement est une leçon vivante  : il rappelle que la victoire de 1945 fut un effort collectif, transcendant les frontières. La présence de leaders comme Traoré ou Abbas souligne que la lutte contre l’oppression, qu’elle soit nazie hier ou coloniale aujourd’hui, reste un fil conducteur universel. En Russie, où le Jour de la Victoire est un jour férié sacré, les écoles organiseront des ateliers pédagogiques et des expositions mettront en lumière des artefacts de la guerre, des lettres de soldats aux chars T-34.

Commémoration vs géopolitique : L’équilibre délicat du 9 mai, miroir des clivages mondiaux

Cependant, cette célébration de l’histoire et de l’unité n’est pas exempte de tensions et de lectures géopolitiques complexes. Le défilé, s’il célèbre une victoire historique, est aussi un miroir des tensions actuelles. Les menaces de l’UE contre Vučić et Fico révèlent les pressions exercées sur les nations européennes pour s’aligner sur une ligne antirusse. Pourtant, leur présence à Moscou, aux côtés de leaders comme Xi ou Lula, prouve que la mémoire de la Seconde Guerre mondiale peut transcender les clivages.

Masterclass à Ciel Ouvert : le 9 mai à Moscou, carrefour de l’histoire, de la diplomatie et de l’avenir

En somme, bien plus qu’une simple commémoration militaire, le 9 mai 2025 à Moscou sera une masterclass d’histoire et de diplomatie, où chaque poignée de main, chaque drapeau levé, racontera une histoire de résistance et d’ambition. Pour les spectateurs, sur place ou à travers les écrans, ce sera une invitation à réfléchir  : comment honorer le passé tout en construisant un avenir de paix  ?

La Place Rouge, ce jour-là, sera bien plus qu’un lieu ; elle sera une agora mondiale, où l’histoire dialogue avec l’avenir.


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