Recherché depuis plusieurs jours par la police pour avoir proféré des injures publiques contre l’ancien président Macky Sall dans une vidéo, Azoura Fall, activiste proche du parti Pastef, s’est finalement présenté ce lundi aux locaux de la Division spéciale de la cybersécurité. Au moment d’écrire ces lignes, il est entre les mains des enquêteurs.
Le débat autour de cette affaire continue de susciter des réactions. Après de nombreuses prises de position, c’est au tour de Me Ciré Clédor Ly, avocat à la Cour, de s’exprimer.
Dans un communiqué, Me Ly affirme qu’Azoura Fall, « patriote de première heure », aurait réagi à une provocation. « Si cela est avéré, l’injure en réponse à une injure n’est pas punissable. La justice devrait plutôt poursuivre le premier auteur d’injures, dont les propos sont susceptibles de troubler l’ordre public. Si les faits remontent à neuf mois, c’est celui qui a diffusé ces propos oubliés qui devrait être recherché et arrêté », soutient-il.
L’avocat raconte avoir connu Azoura Fall lorsqu’il montait la garde à la cité Keur Gorgui pour protéger Ousmane Sonko, actuel Premier ministre, face aux menaces. « Azoura Fall était de ceux qui offraient leur vie pour faire tomber un système corrompu et sanguinaire. Toujours en première ligne, il était une cible facile lors de la chasse aux sorcières. Il a enduré l’enfer des humiliations, de la torture et de l’isolement. Libéré, il était métamorphosé, manifestement marqué par un traumatisme post-carcéral », explique Me Ly.
Il ajoute que l’état psychologique d’Azoura constitue un obstacle à son arrestation par des forces armées ou à des visites domiciliaires traumatisantes pour sa famille. « Cela relève de la responsabilité de la justice, et non du président de la République ou du Premier ministre, en raison de la séparation des pouvoirs », précise-t-il.
Sur le plan procédural, Me Ly estime que seule la victime directe d’une injure ou d’une diffamation peut engager une action en justice. « Le procureur ne peut s’autosaisir pour des injures ou diffamations qui ne troublent pas l’ordre public ou n’attaquent pas les institutions, encore moins une personne agissant par procuration. Si l’ancien président Macky Sall n’a pas porté plainte, il devrait être convoqué par la police judiciaire pour la confirmer avant toute poursuite », argue-t-il.
Plutôt que des poursuites, Me Ly propose un recensement et un suivi psychologique des personnes emprisonnées sous l’ancien régime. « Azoura Fall et tous ceux qui ont souffert dans les geôles devraient être accompagnés par des psychologues. L’État, qui traite les cas signalés, doit centraliser les dossiers des victimes de tortures, d’arrestations arbitraires et des décès dans un cabinet d’avocats ou au ministère de la Justice pour un traitement équitable, rapide et efficace », recommande-t-il.
Tout en plaidant pour une application impartiale de la loi dans le respect de la séparation des pouvoirs, Me Ly appelle à une critique « décente et sans outrance inutile ».
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