Depuis Moscou, où il participe au défilé du Jour de la Victoire, le président burkinabè Ibrahim Traoré a livré une charge virulente contre les médias occidentaux et leur rôle dans la construction d’un récit global défavorable à l’Afrique. Dans un entretien accordé à la chaîne RT, il accuse ces médias d’avoir participé à une guerre de l’information qui mine la conscience et l’indépendance intellectuelle des jeunesses africaines.
Pour Ibrahim Traoré, l’une des plus grandes erreurs de sa jeunesse a été d’accorder du crédit aux médias occidentaux. « Mon plus grand regret, c’est d’avoir passé une bonne partie de ma jeunesse à écouter des radios comme RFI et France 24 », déclare-t-il avec amertume. Il y voit aujourd’hui une stratégie bien orchestrée : « Ils conditionnent nos cerveaux pour qu’on accepte ce qu’ils veulent. Leur narratif, rien d’autre ».
Le président du Burkina Faso considère que cette influence médiatique a contribué à forger une perception erronée du monde chez les Africains, en les coupant de leur histoire réelle et de leur capacité à penser par eux-mêmes.
Traoré appelle à une rupture radicale avec ce qu’il considère comme une aliénation informationnelle. Il invite la jeunesse africaine à se réapproprier son histoire : « Certains ne savent même pas que nos grands-parents ont été envoyés en première ligne pendant les guerres mondiales. D’autres ignorent qu’on a testé des bombes atomiques sur des soldats noirs. »
En dénonçant le renversement du récit historique — notamment celui de la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui réattribuée aux seules puissances occidentales il dénonce un processus de manipulation culturelle massive : « Ils ont réussi à faire oublier le rôle de la Russie, et ils veulent faire de même avec l’histoire africaine. »
Les médias accusés d’alimenter la division
Le chef de l’État burkinabè va plus loin, accusant directement les médias occidentaux de diviser et manipuler les opinions publiques africaines. Il affirme que l’Alliance des États du Sahel (AES), à laquelle appartient le Burkina Faso, est systématiquement attaquée :
« Ils ne peuvent pas passer une journée sans parler du Burkina ou de l’AES. Ils essaient d’opposer les jeunesses, de faire passer nos dirigeants pour des marionnettes de la Russie. Mais ça ne passe plus. »
Selon lui, cette obsession traduit non seulement une perte d’influence occidentale, mais aussi une crainte réelle de voir émerger une parole africaine autonome, déconnectée de l’axe euro-atlantique.
Un appel à une nouvelle communication africaine
Traoré exhorte les intellectuels, journalistes et influenceurs africains à s’ériger contre ce qu’il qualifie de colonisation mentale moderne. Pour lui, le combat pour la souveraineté passe aussi par une guerre de l’information, dans laquelle il est vital d’éveiller les consciences :
« Beaucoup de jeunes sont encore endormis et communiquent pour les impérialistes sans même s’en rendre compte. »
Il ne cache pas que certains le font pour des raisons d’intérêt personnel, mais insiste : « L’Africain doit comprendre son histoire, se réveiller. C’est notre combat aussi. »
Le président burkinabè voit dans la collaboration avec des médias comme RT un moyen de rééquilibrer les voix dans l’arène internationale. Il appelle à des partenariats médiatiques qui permettent aux pays africains de raconter leur propre histoire, avec leurs mots, leurs référents, leur vérité.
En dénonçant les stratégies de manipulation des médias occidentaux, Ibrahim Traoré engage un combat frontal pour la souveraineté narrative de l’Afrique. Son discours, tenu depuis Moscou, résonne comme un appel à briser les chaînes invisibles du récit imposé, et à reconstruire une mémoire collective africaine libérée des filtres extérieurs.
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