La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Togo a annoncé ce 16 juin la suspension, pour trois mois, de France 24 et Radio France Internationale (RFI) sur le territoire togolais, invoquant des « manquements répétés en matière d’impartialité, de rigueur et de vérification des faits », selon un communiqué officiel.
Des faits jugés « susceptibles de porter atteinte à la stabilité des institutions républicaines ». La HAAC reproche aux deux médias français d’avoir, à travers plusieurs émissions récentes, relayé « des propos inexacts, tendancieux, voire contraires aux faits établis », entachant, selon elle, la confiance envers les institutions nationales.
Dans sa décision dont Aïr Info a obtenu copie, l’organe de régulation évoque des « manquements répétés en matière d’impartialité et de rigueur » dans plusieurs reportages mis en cause. Parmi eux, un entretien diffusé sur France 24 où « des propos inexacts ont été tenus au sujet de conditions alléguées dans lesquelles l’artiste Aamron aurait été interpellé », selon l’AFP qui cite la HAAC. L’agence de presse, citant la même source, rapporte également « des prises de position publiques de la correspondante régionale de France 24 appelant à la mobilisation contre les institutions républicaines », ainsi que des propos jugés tendancieux relayés à la fois dans le journal Afrique et dans une chronique de RFI.
La HAAC indique que cette suspension « fait suite à des manquements répétés, déjà signalés et formellement rappelés, en matière d’impartialité, de rigueur et de vérification des faits ». Et de conclure : « Le pluralisme des opinions n’autorise pas la diffusion de contre-vérités ni la présentation partiale de l’actualité. La liberté de la presse ne saurait être synonyme de désinformation ou d’ingérence. »
Médias déjà sanctionnés dans la sous-région
Cette mesure s’inscrit dans un contexte régional tendu pour les médias internationaux, notamment français. France 24 et RFI avaient déjà été suspendus au Mali et au Burkina Faso en 2022, puis au Niger en 2023. D’autres médias ont également été visés, dont la BBC en décembre 2024 au Niger, accusée de propager des « fausses informations » portant atteinte à la cohésion sociale et au moral des forces armées.
Au Mali, TV5Monde a été suspendue en mai 2025 pour « manque d’impartialité » après la couverture d’une manifestation d’opposants. Le Burkina Faso avait pour sa part suspendu TV5Monde pour six mois en juin 2024, dans une décision dénoncée par Reporters sans frontières (RSF) comme « grave et abusive ».
Dans l’ensemble de la sous-région, plusieurs ONG de défense de la liberté de la presse, dont RSF, dénoncent ce qu’elles perçoivent comme une restriction croissante de l’accès à l’information indépendante.
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