Fête de l’Unité : Le 20 mai à travers l’histoire…

Chaque 20 mai, le Cameroun célèbre sa fête nationale. L’événement marque la naissance de l’État unitaire, mais de nombreux Camerounais ignorent encore l’origine exacte. À l’occasion de cette 53ᵉ édition, placée sous le thème « Armée et Nation unies pour un Cameroun tourné vers la paix et la prospérité », retour sur une histoire méconnue.

Tout commence le 1ᵉʳ janvier 1960. Ce jour-là, le Cameroun sous tutelle française devient indépendant. À l’ouest, le Cameroun méridional, placé sous mandat britannique, attendra encore un peu. Le 1ᵉʳ octobre 1961, une partie du Cameroun britannique rejoint l’ex-Cameroun français. Ensemble, ils forment la République fédérale du Cameroun. Deux étoiles sont ajoutées au drapeau pour symboliser cette union.

Mais la fédération ne durera pas et le 20 mai 1972, un référendum national enterre ce système. Le président Ahmadou Ahidjo, au pouvoir depuis 1960, propose un État unitaire. Les Camerounais votent massivement « oui ». Ainsi naît la République unie du Cameroun et le 20 mai devient alors la fête nationale officielle.

Derrière cette date symbolique, il faut retenir que l’unité nationale s’est construite dans la douleur. En effet, au lendemain de l’indépendance, le pouvoir central mène une répression féroce contre les militants nationalistes, notamment ceux de l’Union des populations du Cameroun (UPC).

Paul Biya, le « sphinx » qui règne sur le Cameroun depuis plus de quatre décennies

Avec l’aide de la France, le régime traque les résistants dans l’ouest du pays. Les opérations sont dirigées par des officiers français. Exécutions, torture, les formes de violence sont extrêmes. L’École militaire interarmes (EMIA), sous commandement français, forme alors les cadres de cette répression.

République du Cameroun

Dès 1960, la Constitution promet pourtant un État pluraliste. Mais en 1966, Amadou Ahidjo impose le parti unique à savoir  l’Union nationale camerounaise (UNC). Les libertés s’effacent  pour laisser place aux censures, interdictions de rassemblement et arrestations arbitraires. Pendant ce temps, la France garde un œil sur son ancienne colonie. Elle exploite les ressources, contrôle la monnaie via le franc CFA, et conserve des bases militaires. L’indépendance reste largement symbolique. Beaucoup considèrent alors l’ambassadeur français comme le véritable homme fort du pays. Malgré ce passé trouble, le Cameroun avance. En 1984, sous la présidence de Paul Biya, le pays abandonne le nom de République unie. Il redevient République du Cameroun, confirmant l’effacement total du système fédéral.

Aujourd’hui, la fête de l’unité  célébrée chaque 20 mai est avant tout une célébration officielle. Parades militaires, discours patriotiques et animations marquent la journée. Pourtant, pour que cette unité soit réelle et durable, elle doit s’appuyer sur la vérité historique. Connaître l’histoire du 20 mai, c’est comprendre les sacrifices, les choix politiques. C’est aussi reconnaitre les héros nationaux qui ont bataillé pour la construction de cette unité. Bonne fête à tous!

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