top-news-1350×250-leaderboard-1

Enjeux, défis et stratégies de

La zone UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine) affiche, en surface, des indicateurs macroéconomiques encourageants : croissance robuste (6,2 % en 2024, 6,5 % prévue en 2025), inflation maîtrisée (2,1 % en février 2025), et une progression des exportations de matières premières . Pourtant, cette apparente stabilité dissimule une crise bancaire latente, marquée par un resserrement monétaire non officiel et une raréfaction de la liquidité qui menacent la stabilité financière régionale .

 

Cet article analyse les racines de cette crise, ses manifestations concrètes, et propose des stratégies de politiques économiques et monétaires pour y faire face, tout en explorant des alternatives de financement innovantes dans un contexte mondial incertain.

Les symptômes d’une crise bancaire latente

  •  Un resserrement monétaire masqué  

Taux directeurs stables, mais liquidité en tension : La BCEAO maintient son taux directeur à 3,5 % depuis décembre 2023, mais les taux interbancaires réels ont explosé, passant de 5,1 % en 2023 à 6,12 % en 2025. Le taux marginal (5,5 %) est devenu la référence de facto, révélant un accès restrictif à la liquidité .

Adjudications à taux variables : Les montants soumissionnés par les banques ont triplé (de 2 617 à 8 200 milliards FCFA), signe d’une compétition féroce pour des ressources rares .

  •  La thésaurisation bancaire : Un réflexe défensif  

Les banques de l’UEMOA détiennent *3 000 milliards FCFA d’excédents de réserves* (3,03 fois le minimum réglementaire), notamment en Côte d’Ivoire (ratio de 3,46) et au Sénégal. Cette prudence reflète une anticipation de chocs futurs et répond aux exigences de capital minimal relevé à 20 milliards FCFA par la BCEAO .

  •  Crédit au ralenti et fragmentation du marché

Croissance modérée des crédits (+6,3 % en 2024), inférieure à la croissance du PIB, avec une concentration sur les grandes entreprises (30 % des crédits régionaux) .

Fragmentation des taux souverains: Les écarts se creusent entre États (7,5 % pour la Côte d’Ivoire contre 10 % pour le Niger), remettant en cause l’intégration financière régionale .

Les défis structurels exacerbés par le contexte global

  • Départ des banques françaises et dépendance aux correspondants

Le retrait de la Société Générale et précédemment de BNP Paribas fragilise les circuits de correspondent banking, obligeant les banques locales à ouvrir des filiales à Paris ou Londres (ex. : Ecobank, Bank of Africa) .

  •  Capitalisation insuffisante et réglementation prudentiale

Le doublement du capital minimal (20 milliards FCFA) est souvent réalisé via des réserves existantes, sans apports nouveaux, limitant la capacité de prêt . Comparé au Nigeria (320 millions USD pour les banques internationales), le seuil UEMOA reste faible .

  •  Incertitudes géopolitiques et climatiques

Les tensions sécuritaires, les chocs climatiques (impact sur les récoltes) et la volatilité des prix alimentaires importés pèsent sur la stabilité monétaire .

 Stratégies de résilience : Politiques économiques et alternatives de financement

  •  Politique monétaire : Un équilibre délicat  

Assouplissement ciblé : La BCEAO pourrait injecter davantage de liquidités via des opérations de refinancement à long terme, tout en maintenant un cadre prudentiel pour éviter l’inflation.

Transparence accrue: Clarifier la stratégie de taux variables pour réduire l’incertitude des marchés .

  •  Renforcement des fonds propres et diversification des crédits

Incitations fiscales pour les banques augmentant leur capital via des levées de fonds.

Fonds garantis par les États pour soutenir les PME, principales laissées-pour-compte du crédit bancaire .

  •  Alternatives de financement

Développement des marchés de capitaux: Émission d’obligations souveraines et corporate pour diversifier les sources de financement.

Financement participatif (crowdfunding) et obligations vertes* pour les projets d’infrastructures durables.

Coopération interbancaire régionale : Créer une plateforme de liquidité commune pour réduire les dépendances externes .

  • Digitalisation accélérée

Les progrès en fintech (mobile banking, blockchain) pourraient améliorer l’inclusion financière et réduire les coûts de transaction, comme le soulignent les récentes analyses de la BCEAO .

En conclusion : Vers une résilience collective

La zone UEMOA doit transformer ses vulnérabilités en opportunités. Une **coordination renforcée entre BCEAO, États et secteur privé** est cruciale pour adapter les politiques monétaires, moderniser les infrastructures financières et exploiter les innovations. Dans un monde incertain, la diversification des financements et la solidarité régionale seront les clés pour éviter une crise ouverte et soutenir une croissance inclusive.

“L’argent rare doit devenir l’occasion de réinventer nos modèles.” — Inspiré par les travaux de Paul Derreumaux et Seydina Alioune Ndiaye .

Sources principales :

●BCEAO , UMOA-Titres , rapports de la Commission Bancaire UEMOA , analyses économiques.

  • M. Seydina Alioune Ndiaye, Économiste et Banquier d’ Affaires.

Dr Seydina Oumar Seye

 

Crédito: Link de origem

Leave A Reply

Your email address will not be published.