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Longtemps perçu comme l’un des domaines réservés aux hommes, du fait de la nature de ses activités, le secteur de l’immobilier intéresse aujourd’hui aussi les femmes. Elles y sont de plus en plus présentes, notamment à Niamey, que ce soit pour assurer l’intermédiation dans des opérations d’achat, de vente ou de location des parcelles, des maisons, des jardins, des locaux d’entreprises, etc. Ces initiatives représentent un progrès majeur pour l’autonomisation des femmes nigériennes et le développement du pays. Armées de courage, de détermination, et de dynamisme, elles s’illustrent ainsi dans un secteur certes compliqué et risqué, en proie à des arnaques et manipulations, mais fructueux.
Hadjia Ramatoulaye Seyni Yacouba, connue sous le nom de Ramatou Mereda, est une jeune mère de trois enfants. Elle est parmi les femmes qui aspirent à un changement. Ayant géré l’activité de son père, elle nourrit ainsi sa passion pour l’entrepreneuriat dans un secteur dominé par les hommes, en s’occupant de la gestion de propriétés à vendre ou à louer.
« A chaque fois, des gens m’appellent pour me demander des maisons en location, des maisons à vendre, donc j’ai décidé de créer une agence immobilière pour élargir mes activités, permettre à ceux qui ont besoin de mes services de venir à mon bureau pour plus de détails. Depuis la création de cette agence, je peux dire que mes affaires marchent très bien, beaucoup de gens viennent solliciter mes services ou me demandent des conseils sur leurs projets d’achat ou vente d’une parcelle ou d’une maison », a t-elle dit.
Dans ce secteur immobilier, les difficultés ne manquent pas, a rajouté Madame Ramatoulaye Seyni Yacouba. Parfois, dit-elle, des clients viennent vers elle pour solliciter ses services, mais finissent par la planter sans donner suite. « D’autres me font déplacer inutilement, tandis que d’autres personnes demandent nos services, notamment des maisons en location, où on peut passer toute une journée à visiter, mais à la fin aucun résultat. Il y a aussi ce problème de commission avec nos partenaires de travail, parfois des clients nous appellent pour nous confier leurs maisons à vendre ou à mettre en location une fois le travail accompli, ils refusent de payer la commission où ils diminuent la somme prévue au moment du contrat », se plaint l’entrepreneure.
Pour la dame, le secteur immobilier est une activité noble qui nourrit bien son homme. Ce qui lui permet de subvenir à ses besoins et ceux des proches avec le soutien de son époux. Elle travaille avec 7 jeunes employés femmes et hommes avec qui elle affirme n’avoir aucune difficulté.
En cherchant à jouer le rôle d’intermédiaire, Mme Illiassou Zouera, âgée de 43 ans, a décidé d’arrêter ses études au niveau secondaire et s’est orientée vers le commerce, secteur qu’elle a également quitté suite à la fermeture des frontières. Elle s’est alors tournée vers le domaine immobilier, où elle a commencé à agir en tant qu’intermédiaire entre vendeurs et acheteurs, touchant des commissions à chaque transaction réussie. Bien qu’historiquement dominé par les hommes, le secteur immobilier voit de plus en plus de femmes s’impliquer pour relever le défi de la concurrence masculine. Cependant, selon Mme Illiassou Zouera, cette industrie rencontre des obstacles, tels que l’annulation de contrats et le non-respect des règlements, qui freinent son développement.

« Pour bien mener cette activité, je travaille avec 5 femmes et 2 hommes, nous avons des bonnes relations et aucun problème entre nous », a-t-elle fait savoir.
À côté de ces courageuses épouses, se trouve une jeune étudiante remarquable nommée Dalila Yacouba, âgée de 25 ans. Elle a effectué son parcours scolaire et universitaire en Arabie Saoudite, où elle a choisi de se spécialiser en diplomatie et relations internationales. De retour dans son pays, elle occupe actuellement un poste de responsable commerciale dans une entreprise d’agronomie tout en dirigeant ses propres activités immobilières. Selon ses dires, c’est grâce aux conseils et suggestions de sa mère qu’elle a décidé de se lancer dans ce secteur, soutenue par ses économies personnelles. « Une cousine avait des parcelles qu’elle voulait vendre et je me suis renseignée sur lesdites parcelles avec les vérifications des papiers et la visite des terrains. Après avoir conclu toutes les formalités, j’ai procédé au paiement. Quelque temps après, j’avais besoin d’argent pour une affaire, je les ai publiées sur les réseaux sociaux et vite fait, j’ai trouvé des clients et les ai revendus. Avec cet argent, j’en ai racheté d’autres, en même temps mes sœurs et cousines qui voulaient vendre leurs parcelles ont fait appel à moi. C’est partant de ces faits que je me suis complètement engagée dans l’immobilier », a-t-elle indiqué.
Toujours étudiante, demoiselle Dalila Yacouba dit avoir acquis beaucoup d’avantages dans l’exercice de ces activités immobilières. « Le secteur immobilier m’a permis d’acquérir des savoirs dans l’immobilier, ça m’a permis d’avoir des contacts avec beaucoup de personnes, actuellement, je travaille avec des entreprises immobilières. C’est un travail d’équipe, de savoir-faire et de confiance », a-t-elle dit.

Passionnée par son travail et très attentive, la demoiselle Dalila Yacouba a confié que c’est un secteur qui regorge d’innombrables problèmes qui peuvent parfois conduire au procès. « Tout récemment, un monsieur m’a consultée, il veut acheter une parcelle vers l’Hôpital Général de Référence, j’ai trouvé la parcelle, j’ai fini les vérifications et je lui ai suggéré de chercher un topographe pour aller voir de lui-même si la parcelle est fiable, et qu’est-ce qu’il a fait ? il m’a contournée pour aller voir un de mes collègues qui, malheureusement, n’a pas assez d’expérience, et ils ont conclu l’affaire. C’est quand il a commencé à construire qu’il a remarqué que la dimension de la parcelle a été touchée et en plus la parcelle se trouve dans une place publique, c’est en ce moment qu’il m’a recontactée pour me dire ce qui s’est passé et je lui a dit que c’est pour éviter tous ces problèmes, que je lui avais dit d’aller vérifier lui-même la parcelle et d’aller à la mairie confirmer la fiabilité de la parcelle », raconte l’immobilière avant d’ajouter que certains locataires peuvent revenir sur le prix initial une fois le marché conclu avec l’acquéreur. « Il y a trop de jeux dans ce secteur, il faut beaucoup de patience. Je n’ai jamais eu de problème avec ces activités immobilières, je suis très restreinte, j’ai des limites », a t- elle fait savoir.
S’agissant des préjugés de la société, la demoiselle s’active pour éviter toute sorte de désagrément. C’est pourquoi, quand il s’agit des visites terrains avec des hommes, elle confie la tâche à ses collaborateurs masculins, mais quand c’est une femme, elle s’engage à aller avec elle sur le terrain.
« Dans la famille, on m’encourage vraiment, j’ai même des oncles à la mairie qui me conseillent et qui m’aident, ce qui me motive davantage à continuer dans ce secteur immobilier qui devient d’ailleurs une grande passion pour moi », a conclu demoiselle Dalila Yacouba.
Halimatou Mahamadou (Stagiaire)
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