Diffa : les ondes de la paix s’élèvent dans le Sahel grâce à une formation visionnaire du PNUD
Niger, 12 juin 2025 — Dans l’écrin aride de Diffa, où les vents du Sahel fredonnent des récits de résilience, un souffle d’espoir a enveloppé les communes de Bosso, Kablewa et N’Guigmi ce 12 juin 2025. Sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et du Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (UNPBF), vingt-quatre voix vibrantes – journalistes et animateurs de huit radios communautaires, dont dix femmes – se sont réunies pour une formation d’exception. En effet, ce cénacle, dédié à l’art de produire des émissions radiophoniques porteuses de paix et de cohésion sociale, s’érige en un phare d’espérance dans une région éprouvée par les tumultes de l’insécurité et les cicatrices de la division. À travers ces ondes, Diffa ambitionne de tisser un manteau d’unité, où chaque mot, chaque émission, devient un fil d’or dans la trame d’un avenir pacifié.
Radio et Paix : les ondes, nouveaux vecteurs de cohésion
Au cœur de cette région frontalière, où la crise de Boko Haram a jeté plus de 300 000 déplacés et réfugiés dans l’incertitude, les radios communautaires – telles Radio Mangari ou Radio Sahara – incarnent bien plus qu’un simple moyen de communication. Elles sont les battements du pouls social, des agora modernes où s’entrelacent les aspirations des Kanouri, Haoussa, Toubous et Peuls. Par ailleurs, la formation, financée à hauteur de 3 millions de dollars par le Fonds pour la Consolidation de la Paix, s’inscrit dans le projet REGARDS (Renforcement de l’Engagement Communautaire pour la Gestion Alerte des Risques de Déstabilisation), lancé en 2022 avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Son ambition est d’outiller ces artisans des ondes pour qu’ils deviennent des hérauts de la réconciliation, capables de conjurer la haine et de raviver la confiance entre les communautés et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS).
Durant cinq jours, sous la houlette d’experts du PNUD et de formateurs locaux, les participants ont exploré des arcanes aussi cruciaux que la conception de messages éthiques, l’éthique journalistique et l’usage des langues vernaculaires pour toucher les cœurs ruraux. Des mises en situation, des ateliers de production radiophonique et des dialogues avec des leaders communautaires ont permis d’affûter leurs talents. « Les radios sont des ponts jetés entre les âmes », a déclaré Dr Nicole Kouassi, Représentante Résidente du PNUD au Niger, lors de l’ouverture, soulignant leur rôle fondamental dans la diffusion de valeurs d’inclusion et de tolérance, en écho à l’Objectif de Développement Durable 16 des Nations Unies.
Diffa : des ondes pour guérir les blessures d’une décennie de crise
Diffa, avec ses 825 000 habitants, dont un quart sont des déplacés, porte les stigmates d’une décennie de violences. Les attaques de groupes armés, conjuguées à la désertification et à la raréfaction des ressources, ont exacerbé les tensions intercommunautaires. Pourtant, dans ce creuset de défis, les initiatives comme celle du PNUD sèment des germes de renouveau. En 2024, un projet similaire avait permis à 20 animateurs de produire 150 émissions sur la coexistence pacifique, touchant 500 000 auditeurs dans la région. Cette nouvelle formation, enrichie par des outils numériques comme des kits d’enregistrement mobiles, vise à amplifier cet impact, en ciblant particulièrement les femmes et les jeunes, piliers de la résilience communautaire.
Les radios communautaires, fortes d’un réseau de 200 stations à travers le Niger, irriguent les zones reculées où la télévision et l’internet demeurent des chimères. À Bosso, où les pêcheurs luttent pour leur survie au bord du lac Tchad, ou à N’Guigmi, carrefour des nomades, ces ondes portent des messages de pardon et d’unité. Les animatrices, telle Aïssatou Mahamadou de Radio Kablewa, ont partagé leur détermination à contrer les discours de division, inspirées par des modèles comme Radio Ndarason Internationale, qui, depuis le Tchad, promeut activement la paix dans le bassin du lac Tchad.
Une Symphonie de Paix pour le Sahel : l’effort conjoint du PNUD et des communautés
Cette formation, loin d’être un épiphénomène isolé, s’inscrit dans une constellation d’efforts pour pacifier le Sahel. En avril 2025, la mairie de N’Guigmi avait mobilisé 1 560 personnes pour des assemblées prônant la tolérance, tandis qu’un forum régional des jeunes à Diffa, en 2022, avait galvanisé la jeunesse pour la cohésion sociale. Le PNUD, actif au Niger depuis 1977, conjugue ces initiatives avec des programmes comme le PIDAGRES-JeF, qui soutient l’agrobusiness pour les femmes et les jeunes, réduisant ainsi les vulnérabilités économiques propices aux conflits.
Diffa : l’espoir résonne sur les ondes pour un Sahel réconcilié
En somme, cette journée à Diffa n’a pas seulement vu naître des animateurs mieux armés ; elle a assisté à l’éclosion d’une vision dans laquelle les ondes radiophoniques, tels des affluents, irriguent les terres desséchées par la discorde. Ces vingt-quatre voix, portées par la ténacité des femmes et la ferveur des hommes, s’élèvent désormais comme une symphonie d’espoir. Dans les ruelles de Bosso, les campements de Kablewa et les marchés de N’Guigmi, leurs émissions murmureront bientôt des appels à l’unité, tissant, émission après émission, le rêve d’un Sahel réconcilié, où la paix n’est plus une utopie, mais une réalité forgée par les cœurs et les voix.
Crédito: Link de origem