Critiquée par les commerçants, la décision du Ministère du Commerce fait la bonne affaire des clients – Le Sahel
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Célébrée le 10 du mois de dhou al-hijja, le dernier mois du calendrier musulman, après waqfat Arafa, ou station sur le mont Arafat et marquant la fin hajj, le pèlerinage à la Mecque, l’Aïd al-Adha, appelée Tabaski, est une fête musulmane très importante qui commémore le sacrifice d’Ibrahim (Abraham) et son acceptation d’obéir à Allah. A moins d’une semaine de cette fête, à Niamey, l’attention est tournée vers les marchés à bétail. Hommes et femmes cherchent à se procurer le bélier du sacrifice tandis que les commerçants trouvent l’opportunité pour faire de bonnes affaires. A cette occasion, le Ministère en charge du Commerce a signé un arrêté pour interdire l’exportation des ovins, des caprins, des bovins et des camelins, dans l’objectif d’assurer l’approvisionnement du marché national.
À Niamey, le marché à bétail de Tourakou est un des principaux lieux pour la vente et l’achat des animaux. A quelques jours de la fête de tabaski, chacun s’active pour tirer son épingle du jeu. Le dimanche 25 mai, aux environs de 11heures, le bêlement incessant d’animaux et le brouhaha résonnent dans ce marché. L’affluence des clients est certes timide mais le bétail est disponible en abondance.
Une tendance à la baisse des prix des moutons
Assis sous son hangar, attendant impatiemment la clientèle, Ousseini Soumana Sanda, Secrétaire général du marché Tourakou Ferraille de Lazaret, confie que l’élevage est une importante source de revenus et d’emplois pour une grande majorité de la population. « Au Niger, nos grands-parents nous ont laissé une grande richesse qu’est l’élevage. A quelques jours de la fête, les moutons sont en abondance dans nos marchés. Actuellement à Tourakou Ferraille, tu peux avoir un bélier aux prix de 50.000 FCFA. Mais, certains peuvent coûter jusqu’à 2 millions. Chacun peut en avoir proportionnellement à sa capacité financière », assure-t-il.
Cependant, Ousseini Soumana Sanda déplore la décision du Ministère du Commerce sur l’interdiction de l’exportation de bétail. « L’éleveur prend soin de ses animaux pendant un an ou deux ans dans l’espoir de les revendre à des prix rémunérateurs à l’étranger. Elever un animal demande un investissement financier important. Cette décision a eu pour effet de décourager les éleveurs, car pour eux, aller à l’extérieur signifie faire découvrir aux autres pays les magnifiques béliers du Niger », affirme le commerçant.
Au marché Tourakou de Taladjé, l’ambiance n’est pas au rendez-vous. Le président du marché, M. Alio Kamayé, fait savoir qu’à cause de la décision d’interdiction de l’exportation de bétail, les animaux ne sont pas nombreux au niveau de ce marché comparativement aux années précédentes. « Les éleveurs ont préféré garder leurs animaux pour les revendre plus tard. Malgré cela, nous revendons les animaux à des prix qui sont abordables pour la population afin que chaque client reparte à la maison avec son bélier pour la fête. Avant tout, c’est une fête de communion et de solidarité entre frères et sœurs musulmans », dit-il.
Quant à M. Mahamadou Badjé, le délégué du marché Tourakou de la commune 5 de Niamey, il demande au gouvernement de revoir cette décision afin de promouvoir le développement économique du secteur de l’élevage au Niger. « Nous avons voulu au moment où le ministre prenait cette décision, que les éleveurs et les commerçants soient concertés. Dieu nous a donné cette chance d’avoir beaucoup d’animaux en raison de l’importance que nous accordons au secteur de l’élevage. Au moins, on devrait nous laisser exporter notre bétail dans les pays de l’AES car au moment où je vous parle, nous avons des Burkinabè et des Maliens dans ce marché qui sont bloqués à cause de cette décision. Nous demandons au ministre de trouver un terrain d’entente pour que ces gens puissent rejoindre leurs pays respectifs », plaide-t-il.

Négociant le prix de deux chèvres, Chaibou Tianaou explique que cette année, les prix des animaux n’ont pas grimpé. « Je viens d’acheter ces deux chèvres chacune à 27.000 FCFA pour la fête de tabaski. Chacun achète en fonction de ses moyens et de sa préférence. Moi, je préfère plus la viande de chèvre que celle du mouton », précise-t-il.
A quelques mètres, un père de famille accompagné de ses deux enfants, observe un véhicule venant des villages environnants pour décharger les animaux. « Je suis venu acheter deux moutons mais les prix sont tellement abordables, que j’ai augmenté un troisième. Cette année, je pense que chaque père de famille pourra avoir son bélier pour la fête », dit-il avec joie.
Une aubaine pour les revendeurs locaux
Tenant son bâton sur l’épaule, observant fièrement ses gros et beaux béliers, M. Siddo, un revendeur de bétail au marché Tourakou de Harobanda, affirme que les prix des animaux sont abordables cette année. « Tant que le client négocie le prix d’un animal en fonction de son budget, il va rentrer avec son bélier à la maison. Mais tu ne peux pas vouloir un gros bélier avec peu d’argent, pour dire après que les moutons sont chers. », a-t-il fait savoir. M. Siddo explique également que du coté de la clientèle, les gens viennent de plus en plus. « Comme le dit un adage, petit à petit, l’oiseau fait son nid. On espère revendre tous nos animaux avant le jour de la fête », a-t-il dit.
Toujours dans le marché Tourakou de Harobanda, Zakari Yaou Abdou, un autre revendeur de bétail, explique qu’il se ravitaille dans plusieurs localités du pays dont Bagagi, Dogon-doutchi, Sanam, etc. Pour ce jeune revendeur aussi, cette année, les prix des animaux sont très abordables. « On a certes interdit d’exporter les animaux, mais les gens du Nigeria viennent frauduleusement se ravitailler pour aller les revendre très cher dans leur pays », a-t-il notifié.
Salima H. Mounkaila (ONEP)
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