
L’attaque israélienne contre l’Iran expose les Etats-Unis de Donald Trump au risque d’être entraînés dans un conflit plus large au Moyen-Orient, malgré la promesse du président américain de ne jamais se voir embarqué dans une guerre.
Donald Trump a beau avoir jugé vendredi « excellentes » une première salve de frappes israéliennes ayant visé des sites nucléaires et militaires iraniens, après avoir lui-même publiquement appelé Israël la veille à la retenue, elles placent les Etats-Unis devant un choix délicat: soutenir leur allié israélien bien sûr, tout en évitant de se voir entraînés, malgré eux, dans un conflit aux conséquences profondes.
Des membres de l’opposition démocrate au président républicain se sont empressés d’appeler à « désamorcer la situation avant qu’elle ne dégénère en un conflit régional prolongé qui (…) porte atteinte aux intérêts de la sécurité nationale des Etats-Unis », selon la sénatrice Patty Murray.
Les Etats-Unis disposent de milliers de troupes dans la région stationnées notamment dans les riches monarchies pétrolières du Golfe.
Dès les premières frappes israéliennes jeudi soir, l’administration Trump avait pris ses distances parlant d’une action « unilatérale » d’Israël dans laquelle les Etats-Unis n’étaient pas impliqués.
– « Cycle de représailles » –
Elle avait dans le même temps mis en garde l’Iran contre toute attaque visant les intérêts américains.
Téhéran a menacé plus tôt dans la semaine de s’en prendre aux bases militaires américaines dans la région en cas d’attaque d’Israël après un éventuel échec des négociations en cours, désormais sans doute caduques, qui visaient à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des lourdes sanctions frappant l’Iran.
Pour l’heure, l’Iran a lancé vendredi soir des dizaines de missiles contre Israël, ont affirmé les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique.
Reste aussi à savoir quelle sera la réaction des rebelles houthis au Yémen, qui ont dit vendredi soutenir le droit « légitime » de Téhéran à se défendre.
Pour Sina Toossi, du Centre de politique internationale à Washington, « l’escalade israélienne risque de déclencher un dangereux cycle de représailles, tout en augmentant la probabilité d’une implication américaine ».
« Même sans implication directe, Washington est désormais confronté à la perspective d’un réapprovisionnement indéfini, en matière de renseignement et de soutien diplomatique à Israël, alors même que la guerre en Ukraine s’intensifie et que les crises mondiales se multiplient », ajoute-t-il.
Le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a été placé en état d’alerte élevé, et des mouvements de navires américains sont en cours, ont rapporté plusieurs médias américains.
Washington avait déjà réduit son personnel diplomatique dans la région, notamment en Irak.
– Etat d’alerte –
Les Etats-Unis aident Israël à abattre des missiles iraniens, a indiqué à l’AFP un responsable américain sous couvert de l’anonymat.
La précédente administration de Joe Biden avait déjà participé militairement à la défense d’Israël après une précédente attaque de l’Iran, en octobre dernier.
Pour Alex Vatanka, spécialiste de l’Iran à l’Institut du Moyen-Orient (MEI) à Washington, les Etats-Unis font le calcul qu’ »ils peuvent aider Israël et que les Iraniens en seront évidemment conscients, mais qu’en fin de compte, du moins publiquement, les Etats-Unis resteront à l’écart ».
L’espoir, selon lui, est que « les Iraniens fassent une rapide analyse coûts/bénéfices et décident que cela ne vaut pas la peine de se battre ».
Ken Pollack, également du MEI, doute à cet égard « que les Iraniens aient le moindre désir d’entraîner les Etats-Unis dans cette guerre ».
Il souligne que si l’Iran essayait par exemple de fermer le détroit d’Ormuz, crucial pour le transport de pétrole, les Etats-Unis réagiraient « avec toutes leurs forces ».
Trita Parsi, du Quincy Institute, juge lui que « la Maison Blanche semble avoir coordonné cela avec Israël à un certain degré ».
Le président américain a indiqué sur la chaîne Fox avoir été mis au courant des plans d’attaque israéliens, et exhorté Téhéran à « conclure un accord avant qu’il ne reste plus rien ».
Donald Trump « espérait, apparemment, que (les frappes israéliennes) adouciraient la position de négociation iranienne et ouvriraient la porte à leur capitulation », fait valoir ce spécialiste. « Il est plus probable qu’elles aient l’effet inverse, en poussant les Iraniens à durcir considérablement leur position (…) et à s’orienter vers la militarisation de leur programme nucléaire ».
Source : Agence France-Presse

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