Les 133 cardinaux électeurs chargés de choisir celui qui succèdera au pape François se retrouvent ce mercredi 7 mai dans l’après-midi, à l’intérieur de la chapelle Sixtine, au Vatican. Décryptage des étapes d’un rite immuable, loin des caméras, avant que le monde ne découvre le 267e souverain pontife de l’histoire.
La journée du conclave a commencé dans la matinée de ce mercredi 7 mai, à 10h, par une messe célébrée dans la basilique Saint-Pierre intitulée Pro Eligendo Romano Pontefice (« pour l’élection du pontife romain »), présidée par le doyen du Collège cardinalice, le cardinal italien Giovanni Battista Re.
Mais ce n’est que dans l’après-midi que les cardinaux électeurs entrent en conclave à proprement parler. Gendarmerie et Garde suisse montent la garde aux entrées du Vatican qui ont été fermées.
On entre dans un protocole extrêmement ritualisé, où chaque geste a son sens. Les 133 cardinaux électeurs ont d’abord rendez-vous à 16h15 pour un moment de prière dans la chapelle Pauline du palais apostolique, située à quelques mètres de la chapelle Sixtine. Depuis la veille, ils logent tous à la maison Sainte-Marthe, où vivait le pape François, sans possibilité d’interactions avec l’extérieur.
Après la prière, les cardinaux se mettent alors en procession pour rejoindre la chapelle Sixtine, tandis que sera chantée la litanie des saints. Une fois entrés dans la célèbre chapelle, les cardinaux s’inclinent devant l’autel situé au fond de la chapelle, sous la majestueuse fresque du Jugement dernier de Michel-Ange, puis s’installent à la place qui leur a été attribuée. Le doyen du « Sacré Collège » entonnera alors le Veni Creator Spiritus, un chant qui remonte au IXe siècle et qui invoque l’Esprit Saint afin qu’il assiste les cardinaux dans leur choix. Puis, chaque cardinal prête serment pour garantir le secret du vote, en posant la main sur l’Évangile et en prononçant cette formule : « Que Dieu m’y aide ainsi que ces saints Évangiles que je touche de ma main. »
C’est après la prestation de serment que le maître des cérémonies pontificales, Mgr Diego Ravelli, doit prononcer la célèbre formule latine « Extra omnes » (« Dehors tous ! ») et fermer les portes de la chapelle Sixtine. Les cardinaux sont désormais seuls entre eux, coupés du monde. Le vote peut alors commencer.
La procédure du vote
Ayant 91 ans, le doyen du Collège cardinalice ne préside pas le conclave. C’est le cardinal Pietro Parolin, 70 ans et ancien secrétaire d’État du Saint-Siège du pape François, qui est le maître de cérémonie. Un seul tour de scrutin a lieu le 7 mai, tandis que quatre tours auront lieu les jours suivants, deux le matin, puis deux l’après-midi.
Chaque cardinal recevra un bulletin sur lequel sera imprimé en latin la formule « Eligo in Summum Pontificem » (« J’élis comme souverain pontife »). Un espace est réservé dans la partie inférieure du bulletin pour que chaque électeur y écrive un nom. Chaque cardinal, après avoir écrit son nom et plié le bulletin, le tiendra dans sa main surélevée de manière à être visible, le portera dans l’urne placée sur l’autel, près de laquelle se tiendront les scrutateurs, et prononcera la formule : « J’appelle à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que mon vote soit donné à celui qui, selon Dieu, je pense qu’il devrait être élu. »
Trois scrutateurs seront tirés au sort parmi les cardinaux pour effectuer le dépouillement des bulletins. Le dernier piquera les bulletins pour les rassembler avec un fil. Si le vote ne dégage pas de majorité, ils seront brûlés dans un des poêles installés dans la chapelle. Et une fumée noire en sortira.
L’élection du pape
Quand au moins 89 voix se seront reportées sur un cardinal, les bulletins seront brûlés à la fin du dernier vote depuis un autre poêle où des fumigènes ont été ajoutés, provoquant ainsi la célèbre fumée blanche.
Alors que la foule sera déjà massée place Saint-Pierre et attendra avec frénésie de voir apparaître le nouveau pape, le rituel ne sera pas pour autant terminé dans la chapelle Sixtine. Seront ainsi appelés le secrétaire du Collège cardinalice – l’archevêque brésilien Ilson de Jesus Montanari, qui n’est pas cardinal –, le maître des cérémonies pontificales assisté de deux cérémoniaires.
Le cardinal Parolin adressera deux questions au nouvel élu : « Acceptes-tu l’élection canonique comme souverain pontife ? » et « sous quel nom veux-tu être appelé ? »
Le nouveau pape sera ensuite emmené dans la sacristie où il endossera l’habit blanc, puis reviendra dans la chapelle pour s’asseoir sur la chaire. Un extrait de l’Évangile sera lu (« Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église », Mt, 16 13-19) et le chant du Te Deum est entonné.
Place désormais à la première apparition publique du nouveau chef de l’Église catholique. Depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, aux pieds de laquelle des milliers de fidèles seront massés, le cardinal protodiacre – le Français Dominique Mamberti depuis octobre 2024 – sera chargé de prononcer la célèbre formule « Habemus papam » (« Nous avons un pape ») et le nom en latin choisi par le nouveau pontife. L’Église tiendra alors le 267e pape de son histoire.
Le conclave, un acte liturgique
Moment crucial dans la vie de l’Église, un conclave ne saurait être comparé à une élection présidentielle, mais est pensé avant tout comme un moment liturgique. Il répond ainsi à un ordo, une « feuille de route » qui en ordonne les rites. En témoigne la tenue des cardinaux : ils ne revêtent pas leurs habits de ville (soutane noire, calotte et ceinture pourpre) mais sont en habit de chœur (soutane pourpre et surplis blanc en dentelle).
Le rôle central du maître des cérémonies pontificales, qui dresse le procès-verbal de l’élection du pontife, atteste aussi de la nature liturgique du conclave. Il aide aussi le pape fraîchement élu à revêtir ses nouveaux vêtements et se tient à ses côtés pour les rites qui suivent comme il l’avait fait pour le pape précédent, marquant ainsi un signe de continuité dans la vie de l’Église. La dimension sacrée du conclave est enfin renforcée par les chants et les prières qui émaillent tout le processus de l’élection.
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