Quitter Libreville et prendre le large, l’échappée vers le nord du pays avait pour objectif de fuir momentanément le brouhaha de la capitale pour respirer de bonnes bouffées d’air frais et se changer les idées. Plus d’un mois dans la capitale gabonaise devenait un peu monotone et étouffant, entre électricité vacillante et chaleur accrochée aux trottoirs, m’avait donné des envies ‘’d’ailleurs’’, voir et vivre autre chose. D’un ailleurs. D’un Nord dont je ne savais presque rien. Alors j’ai pris un billet, jeté mon sac dans un bus plein à craquer, et j’ai roulé vers Oyem, ville-capitale de la province du Woleu Ntem (nord). Près de 520 kilomètres de route, 270 Km à vol d’oiseau.
Google annonçait six heures. Le bitume, lui, avait d’autres projets. Dix heures d’une route qui t’avale sans prévenir. Des secousses constantes, des fossés qui tranchent la piste, des arbres couchés comme des géants endormis. Le bus bondé tanguait, l’air était lourd, la patience, précieuse. Mais au bout du chemin : Oyem.
Ville espacée, climat respirable
Première impression : l’espace. Ici, les bâtiments respirent. L’air aussi. Le climat surprend, plus doux, presque apaisant. Une brise légère remplace l’étreinte moite de Libreville. Tout semble plus calme, plus lent. Et la lenteur, parfois, ça fait du bien. Trouver un hôtel ? Facile. À Oyem, les prix sont doux comme les gens. Les femmes sont belles et particulièrement souriantes Le soir, dans une paillote animée, j’ai partagé un poisson grillé et des discussions avec des habitants chaleureux, curieux, bavards. On m’a parlé d’un Oyem sûr, où les rues s’offrent à ceux qui marchent tard, téléphone à la main. Ici, on se connaît. Ici, on se protège.
Un stade au bout du monde
Le lendemain, surprise : un stade colossal posé en pleine brousse. C’est là que s’est jouée la CAN 2017. Le Stade d’Engong, situé à la périphérie de la ville. Un monument de béton dans un océan de verdure. Puis direction « le barrage », une étendue d’eau calme où les rires éclaboussent la rive.

On s’y baigne, on s’y retrouve, on y vit doucement. Mais c’est dans un village au cœur de la ville que l’émerveillement m’a cueilli. Des enfants partout, courant, riant, jouant au foot comme si le temps n’existait pas.
On m’a tendu une chaise, offert de la viande d’antilope, souri comme à un cousin retrouvé. Soleil tombant, ambiance fraternelle. Un moment suspendu.
Nocturne surprise
La nuit tombée, on m’a dit : « On sort ». Et Oyem, qu’on croyait assoupie, s’est soudainement révélée festive. Bar, boîte, musique à fond. Une foule joyeuse, dansante, accueillante. À 4h du matin, le retour sur Libreville s’imposait.
La même route, les mêmes secousses. Mais le cœur un peu plus plein. De retour dans la capitale, la folie familière m’a repris. Mais Oyem reste là, quelque part dans un coin de ma mémoire. Une parenthèse de fraîcheur, d’humanité et de lenteur. Une leçon de contraste.
*Journaliste français, en stage d’immersion à Gabonactu.com

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