Dans une interview exclusive à Radio France internationale (RFI), le Vice-Président du gouvernement gabonais, Alexandre Barro Chambrier a longuement évoqué le cas de son puissant ministre de l’Economie, des finances, de la dette et de la lutte contre la vie chère, le banquier Henri Claude Oyima qui est également PDG de la holding BGFIBank et patron de la BVMAC, la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale, des fonctions, somme toute, jugées incompatibles avec celles de membre du gouvernement.
Avec Christophe Boisbouvier de RFI, Barro Chambrier, lui-même économiste chevronné s’est exprimé à cœur ouvert. Lecture !
Un ministère très important créé à l’occasion de cette installation de cette Nouvelle République, c’est le ministère de l’économie et des finances. Les deux ministères sont réunis en un seul, comme vous nous l’avez dit, et le titulaire de ce nouveau ministère c’est un homme clé du paysage gabonais puisque c’est Henri Claude Oyima, qui est le PDG et l’un des principaux actionnaires de la BGFIBank, la plus grande banque privée de la zone CEMAC. Est-ce qu’un ministre qui continue d’être rémunéré par une entreprise privée, ce n’est pas illégal ?
Je ne pense pas. D’abord, nous saluons l’arrivée de monsieur zone CEMAC. dans ce gouvernement de la 5ème République, qui est un banquier connu et reconnu, qui a monté cette entreprise qui fait la fierté de toute l’Afrique puisqu’il est dans une dizaine de pays. C’est un homme de talent, d’expérience, qui prendra toute sa place dans ce gouvernement et je m’en réjouis.
Nous avons d’ailleurs bien commencé à travailler, et la situation de monsieur Oyima est en voie de clarification, puisque lui-même annonçait qu’il allait se retirer de ses activités privées. Et c’est tout à fait normal qu’il y ait des procédures internes à respecter, les choses étant actées, et il devra se conformer. Il entend se conformer aux règles. Donc il n’y a absolument aucun souci, quelques commentaires de personnes un peu impatientes, mais les choses doivent se faire en bon ordre, dès lors que cette décision nécessite quand même une nouvelle organisation de sa part. Donc il va renoncer à la présidence de la BGFI Bank, et je pense que ça coule de source.
Est-ce qu’il va vendre les actions qu’il possède dans la BGFIBank ?
Mais là, je ne vois pas très bien le sens de votre question.
Est-ce qu’il n’y a pas un risque de conflit d’intérêts ? Est-ce que tout naturellement le nouveau ministre de l’économie et des finances ne va pas avantager la BGFIBank par rapport aux banques concurrentes ? Et est-ce qu’il ne va pas fermer les yeux s’il y a des malversations dans cette grande banque ?
Non monsieur ! Il y a un régulateur des banques qui s’appelle la commission bancaire. Il y a la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), la Banque centrale de la sous-région, qui suit toutes ces opérations. Et chacun joue son rôle. La Banque centrale ayant une certaine autonomie. Je ne vois pas un ministre de l’économie et des finances dicter sa loi. Et Henri Claude Oyima prendra le recul et la hauteur nécessaires dans le cadre de ses nouvelles fonctions. Nous pouvons lui faire pleinement confiance.
Alors, vous dites qu’Henri Claude Oyima est un homme de talent et d’expérience. Certains observateurs estiment aussi qu’au fil des années, il a peut-être pris trop de pouvoir sur les places financières, et qu’il serait temps qu’il laisse la place à quelqu’un d’autre à la tête de la BGFIBank. Est-ce que sa nomination au gouvernement, ce n’est pas aussi une façon de le convaincre de quitter la présidence de cette grande banque ?
Bon, moi j’y vois plutôt le couronnement d’une carrière dans le secteur privé, qui a été rondement menée et qui fait notre fierté. Pas seulement au niveau du Gabon, mais au niveau de tous les pays où cette banque est implantée et qui est souvent en tête des banques commerciales. Donc il n’y a absolument aucun inconvénient à ce que, le moment venu, d’autres prennent le relais du développement de la banque. Mais ça, ce n’est pas notre affaire. C’est une affaire privée, où il y a des actionnaires, et c’est aux actionnaires de déterminer, de prendre les décisions. Il y a un secteur bancaire ici qui est très concurrentiel, ici comme ailleurs. Et en aucun cas, l’expérience de monsieur Henri Claude Oyima ne peut être discutée.
Alexandre Barro Chambrier propos recueillis par Christophe Boisbouvier de RFI
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