Dorian S. est accusé de viols et d’agressions sexuelles. Le tatoueur, dont le procès s’ouvre aujourd’hui, se réfugie derrière des gestes professionnels « touchant nécessairement à l’intimité des corps ».
Reconnu dans le milieu pour sa créativité et la maîtrise de son geste technique, Dorian S., tatoueur francilien de 39 ans, sera jugé du 14 au 23 mai devant la cour criminelle départementale de la Seine-Saint-Denis (93). Il y répondra du viol de six jeunes femmes et d’une série d’agressions sexuelles sur plusieurs autres plaignantes, la plupart clientes de son salon de Neuilly-sur-Marne. En détention provisoire depuis le 9 juin 2021, l’accusé encourt quinze ans de réclusion. Les faits retenus contre lui s’étendent de 2019 à 2021.
Laura (*), âgée alors de 22 ans, fut la première à les dénoncer. Elle se rend le 8 juin 2021 au commissariat du Raincy (93) pour y déposer une plainte. Elle avait poussé quelques semaines plus tôt la porte du salon de Dorian S. pour finaliser un tatouage. Elle l’accuse de l’avoir pénétrée digitalement et d’avoir frotté son sexe contre elle lors d’une séance nocturne de tatouage, un créneau que l’artiste réserve à “des gens spéciaux”.
Dans le sillage du mouvement #MeToo, le monde du tatouage commence à cette époque à être secoué par le questionnement du tabou des violences sexuelles dans ce milieu, dont la pratique impose une grande proximité des corps.
En exploitant les relevés téléphoniques du mis en cause, les policiers découvrent plusieurs clientes de Dorian S. faisant état de faits similaires.
Ajouté aux recherches d’anciennes procédures, l’instruction va mettre en évidence qu’au total, une quinzaine de femmes ont accusé Dorian S. de violences sexuelles depuis 2008, date à laquelle il a commencé à exercer la profession de tatoueur apprise lors d’un séjour au Canada.
Les récits des clientes victimes, souvent des femmes fragiles, font état d’un mode opératoire bien rodé.
A l’occasion de séances avec une femme seule, Dorian S. insiste pour tatouer à proximité de l’entrejambe ou se débrouille pour leur toucher les parties intimes au motif de tendre la peau pour réaliser leur tatouage.
Plusieurs d’entre elles rapportent également des frottements ou pénétrations avec son sexe. Lors de ces sessions, l’accusé revêt à l’occasion d’un short à trou, porté sans sous-vêtements, pour sortir plus aisément son pénis.
Outre l’effet de surprise sur les femmes, la justice estime que l’artiste a fait usage d’une contrainte morale sur ses clientes, en exploitant à des fins sexuelles l’ascendant que lui procure la position du tatoueur lors des séances dans son salon.
Le verdict est attendu le vendredi 23 mai, l’accusé encourt vingt ans de prison.
Similaire
Crédito: Link de origem