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Le Ramadan à Maïné-Soroa : Le sucre de la solidarité nationale comme ciment social

Hier, sous le ciel ocre du Sahel, le préfet Boubacar Hama a posé un geste symbolique fort : lancer la vente subventionnée du sucre « Spécial Ramadan » à Maïné-Soroa, localité nichée dans l’extrême sud-est du Niger. En effet, cette initiative incarne une politique publique ciblée mêlant urgence sociale et symbolique religieuse, dans un contexte où l’inflation menace l’équilibre des ménages.

Un dispositif logistique pensé pour l’équité  

Par ailleurs, l’État nigérien, dans un souci d’inclusivité distributive, a opté pour un système de vente calibré autour de la tiya, unité de mesure traditionnelle équivalant à 3 kg. À 1 600 FCFA l’unité, soit près de 30 % moins cher que le prix du marché, le gouvernement désamorce la précarité alimentaire durant ce mois sacré. Il alloue un quota de 20 tonnes à Maïné-Soroa, le répartit entre ses trois communes et déploie des centres secondaires pour éviter les engorgements et garantir un accès pérenne aux populations rurales éloignées.

« Cette opération n’est pas qu’économique : c’est un acte de reconnaissance envers la ferveur spirituelle des Nigériens », a déclaré le préfet Hama, soulignant l’alignement entre politique sociale et valeurs religieuses. Une rhétorique qui résonne dans un pays où 98 % de la population pratique l’islam.

 Ramadan, miroir des priorités gouvernementales

Derrière les sacs de sucre s’entassant dans les entrepôts de l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) se dessine une géopolitique du quotidien. Alors que la flambée des prix des denrées de base, aggravée par les tensions régionales et les aléas climatiques, pèse sur les ménages, l’État instrumentalise le Ramadan comme levier de cohésion nationale. Les bénéficiaires, présents en nombre lors de la cérémonie, ont salué une « bouffée d’oxygène » dans un pays où le SMIG avoisine les 30 000 FCFA mensuels.

« Ce sucre, c’est plus qu’un produit : c’est un message que nos dirigeants voient nos souffrances », confie Oumarou Moussa, père de famille. Une gratitude teintée d’attentes : les populations espèrent un élargissement de ce modèle subventionné à d’autres biens essentiels, comme l’huile ou le riz.

Subventionner l’essentiel : entre urgence et durabilité 

Si l’initiative est saluée, elle interroge aussi sur la pérennité des mécanismes d’aide. En 2024, le Niger a consacré 12 % de son budget à l’agriculture et à la sécurité alimentaire, selon la Banque mondiale. Or, les subventions ponctuelles, bien que vitales, peinent à endiguer des vulnérabilités structurelles : désertification, pression démographique et dépendance aux importations.

Le choix du sucre comme produit-phare n’est pas anodin. Symbole de convivialité lors des ruptures de jeûne (iftar), il devient ici un marqueur de dignité. Pourtant, des voix s’élèvent pour rappeler que 42 % des Nigériens vivent sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui exige des solutions systémiques, au-delà des gestes saisonniers.

Le Ramadan, laboratoire de la solidarité post-crise

À Maïné-Soroa, le sucre subventionné cristallise une double réalité : celle d’un État qui, malgré des ressources limitées, tente d’incarner un rempart contre la détresse, et celle d’une population en quête de signes tangibles d’empathie gouvernante. Cette opération, si elle ne résout pas le défi alimentaire chronique, pose les jalons d’une réflexion plus large : comment transformer l’urgence en durabilité ?

En filigrane, le Ramadan 2025 pourrait marquer un tournant : celui où les politiques sociales nigériennes, inspirées par la ferveur collective, passent d’une logique de survie assistée à un modèle de résilience construite. Pour cela, il faudra que les sacs de sucre d’aujourd’hui sèment les germes des réformes agricoles et économiques de demain, un défi aussi sacré que complexe.


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