Diffa, 28 février 2025 – Un murmure d’optimisme a traversé les plaines arides de la région de Diffa, porté par une réunion d’envergure orchestrée sous l’égide du Secrétaire Général de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP). Dans une salle empreinte de détermination, ce dernier a donné le coup d’envoi du comité de pilotage du Projet d’Appui à la Stabilisation de la Situation des Populations Retournées dans leurs Villages d’Origine (PASPR). L’objectif est de passer au crible les avancées, les écueils et les perspectives d’un chantier aussi ambitieux qu’essentiel pour les âmes revenues sur leurs terres ancestrales après des années d’exil forcé.
Le décor était sobre, mais l’enjeu immense. Face à une assistance composée d’élus locaux, de responsables sécuritaires et de partenaires techniques, le Secrétaire Général a planté le décor avec une clarté saisissante : ce projet n’est pas une simple ligne sur un rapport, mais une ancre jetée dans le tumulte pour arrimer des vies déracinées par l’insécurité. Depuis son lancement, le PASPR s’évertue à tisser un filet de résilience autour des populations de Diffa, une région longtemps ballotée par les vents contraires du terrorisme, du banditisme et des conflits intercommunautaires.
PASPR : Une lueur dans l’ombre des défis
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, bien qu’ils ne racontent qu’une partie de l’histoire. Selon les données récentes, plus de 342 000 personnes se trouvent encore en situation de déplacement forcé dans cette région au 30 avril 2024, un chiffre en hausse de 8 % par rapport à l’année précédente. Pourtant, au milieu de cette tempête, des bourgeons de renouveau pointent timidement. Près de 20 492 individus, répartis dans 2 990 ménages, ont spontanément repris le chemin de leurs villages d’origine, notamment dans la commune de Gueskérou, depuis 2022. Un retour porté par une aspiration viscérale à retrouver un semblant de normalité, mais aussi par les efforts du PASPR pour rendre ces terres à nouveau habitables.
Le Secrétaire Général n’a pas esquivé les ombres au tableau. « Stabiliser, c’est bien plus que reconstruire des murs ou creuser des puits », a-t-il martelé, la voix teintée d’une gravité réfléchie. « C’est redonner aux gens la foi en demain, dans un contexte où la peur rôde encore. » Car les défis restent colossaux : insécurité persistante aux frontières nigéro-nigérianes, besoins criants en vivres, abris et services de base comme l’eau ou la santé. Autant de nœuds gordiens que le projet s’attelle à dénouer, pas à pas.
Une mosaïque d’efforts concertés
L’atelier d’hier n’était pas une simple formalité administrative. Il a offert une tribune pour égrener les avancées du PASPR, fruit d’une synergie entre la HACP, l’Union Européenne, et des ONG locales comme Garkua. Depuis son amorce en mai 2022, sous l’impulsion du Général Mahamadou Abou Tarka, alors président de la HACP, le projet a semé des graines de stabilité. Des infrastructures sociales (écoles, centres de santé) ont vu le jour, des conseils départementaux de sécurité ont été renforcés et des initiatives de cohésion sociale ont fleuri pour apaiser les tensions entre communautés.
Un milliard de francs CFA, géré directement par la HACP, a été injecté pour soutenir ces dynamiques, tandis que l’ONG Garkua, forte de son ancrage local, a pris les rênes d’une enveloppe financée par l’Union Européenne. « Ces efforts ne sont pas un luxe, mais une nécessité vitale », a souligné un représentant régional, rappelant que chaque village repris à l’abandon est une victoire sur le chaos.
Vers un horizon durable ?
Si le bilan dressé témoigne d’un élan réel, il invite aussi à l’humilité. Les populations retournées, bien que courageuses, restent fragiles. Les besoins en eau potable, en assainissement et en opportunités économiques demeurent des priorités criantes. Le comité de pilotage a donc esquissé des pistes pour l’avenir : accélérer les retours volontaires (41 793 personnes sont encore attendues dans leurs foyers) et consolider les acquis via des projets économiques locaux, comme la culture du poivron ou la pêche, qui ont déjà permis à certains de renouer avec une dignité perdue.
À l’issue de cette journée, les participants se sont séparés avec une conviction nimbée d’espérance : le PASPR ne relève pas du songe, mais d’un défi téméraire misant sur la force de l’esprit humain. Dans les étendues de Diffa, où le sable garde les cicatrices des tourments passés, ce projet trace une lueur fragile, pourtant saisissable : celle d’un horizon où les hameaux cesseraient d’être des ombres nostalgiques pour redevenir des refuges vivants. Il incombe désormais de faire de ce croquis une vérité durable, un engagement que les acteurs présents ont solennellement promis de mener à son terme.
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