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Une commune rurale au cœur de la cohésion sociale au Niger – Le Sahel

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Situé à 21 km au nord-ouest de Kéita et à 410 km de Niamey, Tamaské est une commune rurale paisible de la région de Tahoua, dans le département de Kéita. Créée en 1988 à partir de l’ancien canton de Tamaské et confirmée comme commune en 2002, elle est entourée par les communes de Kéita, Kalfou, Garhanga, Badaguichiri et Allakaye. L’agriculture et l’élevage constituent les principales activités économiques de sa population. Tamaské est aussi un foyer de cohabitation pacifique, abritant un mélange d’ethnies telles que les Haoussa, les Peuls, les Zarma, les Touaregs et bien d’autres, vivant ensemble dans la paix et l’harmonie. Du 24 au 26 avril 2025, la commune a vibré au rythme de plusieurs événements marquants, notamment la 3è édition du Festival de la Concorde et de la Cohésion Sociale (FECCOS), l’intronisation du nouveau Chef de canton, l’ouverture solennelle d’une mosquée, ainsi qu’une campagne de vaccination du cheptel, le tout dans une ambiance fraternelle et conviviale.

… du chef de canton de Tamaské

La matinée du samedi 26 avril 2025 restera gravée dans la mémoire collective des habitants de Tamaské. Cet événement marquant a réuni une foule impressionnante venue de tous horizons pour assister à cette journée historique, tenue dans l’enceinte du CEG de Tamaské. C’est là qu’a eu lieu la cérémonie d’intronisation du nouveau chef de canton de Tamaské, l’honorable Abdoul Kader Cheffou Touba. Cette cérémonie a été ponctuée d’interventions riches en symboles et en sagesse. Parmi les temps forts, l’allocution du gouverneur de la région de Tahoua, ainsi que celle du Sultan du Gobir, ont particulièrement retenu l’attention.

Prenant la parole à cette occasion solennelle, le gouverneur de la région de Tahoua, le Colonel-major Oumarou Tawaye, a tenu à souligner le rôle primordial de la chefferie traditionnelle dans la stabilité et la cohésion sociale du pays. Il a rappelé que, depuis les événements du 26 juillet 2023, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), a constamment reconnu la place centrale de cette institution ancestrale. « La chefferie traditionnelle, aux côtés des oulémas et marabouts, a toujours prié pour la paix et la stabilité du Niger. C’est grâce à leur engagement spirituel que, malgré les défis, notre pays continue d’avancer dans la sérénité », a-t-il déclaré.

Il a également mentionné les priorités établies par le général d’armée Abdourahamane Tiani à l’issue des Assises nationales dont la sécurité, la paix, le pardon et la cohésion, supports indispensables à la refondation du Niger. Le gouverneur a enfin exhorté le nouveau chef de canton à faire preuve de justice et d’équité envers sa population, tout en appelant les administrés à lui accorder un soutien total dans l’accomplissement de ses fonctions.

Quant au préfet du département de Keita, M. Hama Boureima, il a salué avec émotion l’accession à la chefferie de l’honorable Elhadji Abdoul Kader Cheffou Touba, soulignant la confiance que la population a placée en lui. « Vous êtes le gardien de nos traditions, le garant de la cohésion sociale. Votre comportement rassembleur et votre capacité à concilier tradition et modernité sont des atouts majeurs pour notre communauté », a-t-il affirmé. Il l’a ensuite encouragé à cultiver le dialogue permanent, à être à l’écoute des préoccupations des citoyens et à rechercher le consensus pour un développement harmonieux de Tamaské.

L’Administrateur délégué de la ville de Tamaské, l’Adjudant-chef Hamza Hama, a, pour sa part, salué la présence massive et distinguée du public, qu’il a interprétée comme une preuve éclatante de l’attachement du peuple de Tamaské à l’autorité coutumière. Il a adressé ses félicitations au nouveau chef de canton et a souhaité que son règne soit placé sous le signe de la sagesse, de l’unité et du progrès.

Le coordinateur du comité central de l’événement, Elhadj Issaka Ousmane, a rendu un hommage au travail acharné des 10 commissions mobilisées durant trois mois, jour et nuit, pour la réussite de cette cérémonie d’envergure. Il a souligné la solidarité remarquable de la population de Tamaské et a invité chacun à faire preuve d’hospitalité envers les invités venus d’ailleurs. Dans un esprit de fraternité, il a formulé le vœu que cette célébration se déroule dans la paix, la joie et la cohésion sociale, des valeurs cardinales pour notre pays.

Prenant la parole, le sultan du Gobir, sa majesté Abdou Bala Marafa, a tout d’abord souhaité la bienvenue au nouveau chef au sein de l’Association des Chefs traditionnels du Niger, avant de lui adresser des conseils empreints d’expérience. « L’écoute, la tolérance, la sagesse et l’impartialité doivent guider ton action quotidienne ». Fort de ses 27 années de règne, le Sultan a salué l’esprit de cohésion et d’unité qui a marqué cette intronisation. « J’ai assisté à de nombreuses intronisations, mais jamais je n’ai vu une telle unité sociale mise autant en avant que dans cette ville de Tamaské », a-t-il souligné.

À l’issue des interventions, le comité spécialisé a procédé à la mise du turban, geste hautement symbolique qui marque officiellement l’entrée en fonction du nouveau Chef traditionnel. Un silence solennel s’est emparé de l’assistance, laissant place à une vive émotion. Le Chef Abdoul Kader Cheffou Touba, désormais 6è chef du canton de Tamaské, s’est ensuite levé pour saluer les chefs traditionnels présents en nombre, les autorités administratives, les délégations venues d’ailleurs ainsi que toute la population locale venue assister à cet événement historique.

Succédant à son frère, feu Mahamadou Cheffou Touba, le nouveau Chef de canton, Abdoul Kader Cheffou Touba, a exprimé sa profonde gratitude à l’endroit de ses concitoyens pour la confiance accordée. Il s’est dit déterminé à œuvrer pour le bien de sa communauté et à accompagner, dans la mesure de ses fonctions traditionnelles, les efforts des autorités nationales. « Je tiens à encourager nos autorités. En tant qu’autorité traditionnelle, notre rôle est d’abord spirituel. Nous devons soutenir et accompagner le gouvernement par nos prières, sans relâche, pour que la paix règne au Niger. Sans paix, aucun développement n’est possible », a-t-il affirmé avec conviction.

Un concours culturel riche en émotion et en tradition

Le concours organisé à cette 3è édition du Festival de la Concorde et de la Cohésion Sociale (FECCOS-2025) a été à la hauteur des attentes. Tamaské a vibré au rythme de cette compétition où tradition, beauté, éloquence et bravoure se sont donné rendez-vous. Mais, avant le coup d’envoi des épreuves, le promoteur du festival, M. Moustapha Kadi Oumani, a pris la parole pour adresser un message d’humilité et de tolérance « Les problèmes ne manquent jamais, mais avec la compréhension des uns et des autres, tout se passera bien », a-t-il déclaré, anticipant d’éventuels malentendus et appelant à l’esprit de fraternité qui incarne le FECCOS.

Animation culturelle au lancement du FECCOS 2025

La compétition a été structurée en trois grandes parties : un concours de Kirari (discours poétique d’autoglorification typique de la culture peule en langue Haoussa), un concours de beauté et d’accoutrement traditionnel pour hommes et femmes et le Sharo. Les délégations représentant Tamaské, Tahoua, Madaoua, Malbaza, Keita, Illela, Badaguichiri, Tabala, Konni et Bagaroua, devaient présenter deux candidats par épreuve.

Sur le podium, les candidats au Kirari ont rivalisé de souffle, d’audace et de créativité. Dans un duel verbal souvent teinté d’humour, de fierté et parfois d’insultes symboliques, chaque compétiteur cherchait à intimider son adversaire par la parole. À ce jeu d’éloquence, c’est Mano Dan Bagga de Tahoua qui a décroché la première place, suivi d’Ali Oumarou de Madaoua et d’Ali Dan Joumaré d’Illela. Le concours de beauté, véritable hommage à l’esthétique peule, a mis en lumière l’élégance des tenues et le raffinement des embellissements traditionnels.  Chez les femmes, Aïchatou de Malbaza a été couronnée la plus belle, devant Fati Bello de Tahoua et Ramatou Mahamadou de Madaoua. Côté masculin, Abdoulaye Aliou de Malbaza a été désigné plus bel homme, suivi de Bello de Madaoua et Bano Hama de Bermo.

Les lauréats de chaque catégorie ont reçu des enveloppes financières en guise de récompense et de reconnaissance : 1er prix : 100.000 FCFA, 2è prix : 75.000 FCFA, 3è prix : 50.000 FCFA. En outre, l’ensemble des délégations ont bénéficié d’un appui d’un million de francs CFA  en guise d’encouragement pour leur participation.

Inauguration solennelle de la nouvelle mosquée centrale de Tamaské, un joyau offert par la diaspora

Dans la soirée du vendredi 25 avril 2025, une foule nombreuse, composée de résidents de la ville et de visiteurs, a pris part à la cérémonie d’inauguration de la toute nouvelle mosquée centrale de Tamaské. Ce haut lieu de culte, financé exclusivement par les ressortissants de la localité, notamment ceux vivant en Côte d’Ivoire et au Nigeria, symbolise un élan de solidarité et d’attachement profond à la foi islamique. Bien que le coût exact de l’infrastructure ne soit pas formellement révélé, les contributions réunies avoisineraient plusieurs centaines de millions de francs CFA. Ce projet ambitieux se distingue par la qualité de ses installations et sa capacité impressionnante, comparable à celle de la grande mosquée de Niamey.

Une vue de la nouvelle mosquée centrale de Tamaské

La mosquée centrale de Tamaské comprend de nombreux compartiments dont une grande salle de prière principale à un niveau, un bloc réservé exclusivement aux femmes, une école coranique, plusieurs salles de lecture du Saint Coran, des bureaux, un logement pour l’Imam, ainsi que des boutiques implantées le long de la voie goudronnée et destinées à générer des revenus pour l’entretien de l’édifice.

Avant la prière de Jummaa, plusieurs grands marabouts ont délivré des prêches intéressants mettant l’accent sur l’importance de l’éducation des enfants, la quête du savoir en islam, ainsi que l’unité et la cohésion sociale. Après la prière, l’ambiance était festive et chaleureuse. Jeunes et anciens, hommes et femmes, exprimaient une grande joie. Beaucoup prenaient des photos et des vidéos pour immortaliser cet instant historique, tandis que d’autres contemplaient avec émotion l’architecture majestueuse qui vient d’être inaugurée.

Les autorités locales étaient présentes pour marquer de leur empreinte cette cérémonie. L’administrateur délégué de la commune de Tamaské et le préfet de Keita ont chacun pris la parole pour saluer l’initiative, remercier tous les donateurs et encourager un bon entretien de la mosquée. Les chefs religieux et les différents sultans ont, de leur côté, exhorté les fidèles à la multiplication des prières et à la culture du pardon mutuel entre Nigériens, avant de prononcer des invocations pour la paix et la stabilité du pays. Une grande Fatiḥa a été récitée par les plus grands marabouts de la ville à cet effet.

M. Issa Abdoul Karim, citoyen de Tamaské, très ému, a exprimé sa profonde satisfaction quant à la réalisation de ce projet spirituel d’envergure. « Tamaské a la chance d’avoir une diaspora unie et engagée. Mâcha Allah, tout s’est bien passé. Le résultat est magnifique et l’engouement autour de la mosquée en est la preuve. Nous avons écouté des prêches inspirants qui nous appellent à la paix, à la tolérance et à la patience. Je remercie au nom de ma communauté et de tout cœur ceux qui ont initié cette œuvre et toutes les personnes qui ont honoré cette cérémonie de leur présence », a-t-il conclu.

Une campagne de vaccination pour renforcer la santé animale à Tamaské

Le samedi 26 avril 2025, à l’occasion de leur arrivée à Tamaské pour assister à l’intronisation du nouveau Chef de canton, une délégation de haut niveau conduite par le gouverneur de la région de Tahoua, le Colonel-major Oumarou Tawaye, a marqué un arrêt significatif à la mairie de Tamaské. Cette halte a permis aux autorités d’apporter leur soutien à un supplément de la campagne de vaccination du cheptel dans le département de Keita, précisément à Tamaské.

Le Gouverneur de Tahoua procédant au lancement de la campagne de vaccination du bétail

Le gouverneur de la région de Tahoua, le Colonel-major Oumarou Tawaye, a salué l’initiative avec enthousiasme, affirmant son soutien aux actions de santé animale entreprises. Il a symboliquement procédé à l’injection de la première dose de vaccin à une brebis, marquant ainsi l’importance de cette opération pour le bien-être du cheptel et des populations.

Auparavant, le Directeur Régional de l’Élevage de Tahoua, Dr Rachid Souley, a expliqué aux autorités que cette opération s’inscrit dans le cadre d’un supplément à la campagne de vaccination lancée en janvier dernier. Ce supplément, dit-il, a été décidé pour marquer l’événement de l’intronisation du Chef de canton, une manière de joindre santé animale et événement culturel majeur. « Les résultats de la campagne à l’échelle du département de Keita sont impressionnants, environ 172 000 bovins, 360 000 petits ruminants et plus de 912 camelins ont été vaccinés. Les principaux bénéficiaires de cette campagne sont les femmes et les hommes éleveurs de la région », a précisé Dr Souley.

Cependant, il a relevé certaines difficultés rencontrées sur le terrain, notamment l’insécurité dans certaines localités, le refus de quelques éleveurs de présenter l’intégralité de leurs animaux, ainsi que leur réticence vis-à-vis du marquage du bétail. Cette initiative conjointe entre les autorités régionales et les services techniques de l’élevage démontre l’importance accordée à la santé animale dans le développement socio-économique du département, tout en renforçant la résilience des communautés pastorales.

Assad Hamadou (ONEP) Envoyé Spécial

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