
Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Bamako, à l’appel d’une large coalition de partis politiques qui redoutent leur possible dissolution par la junte au pouvoir, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Cette coalition d’une centaine de partis a « exigé la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre 2025 » et appelé « à la mise en place d’un calendrier de retour rapide à l’ordre constitutionnel », dans une déclaration publiée samedi, après la manifestion.
« Vive la démocratie, à bas la dictature! », ont scandé les protestataires réunis au Palais de la culture, près du fleuve Niger, selon des journalistes de l’AFP et des images sur les réseaux sociaux.
Plusieurs manifestants ont brandi des pancartes réclamant « la liberté, la démocratie » et « des élections » alors que la junte au pouvoir a manqué à son engagement de transférer le pouvoir aux civils en mars 2024, après deux coups d’Etat militaires en 2020 et 2021.
La manifestation a été encadrée par les forces de sécurité qui sont intervenues pour disperser une trentaine de partisans de la junte qui ont voulu empêcher sa tenue, selon des journalistes de l’AFP.
Le rassemblement, initialement prévu dans la salle du Palais de la culture, a finalement eu lieu devant celui-ci.
Il constitue l’un des actes de contestation les plus visibles contre les militaires depuis 2021 que le colonel Assimi Goïta, passé général en octobre 2024, est à la tête de la junte.
– Répression et manifestations –
La manifestation s’est tenue malgré le climat de répression et les risques de représailles. Les autorités ont annoncé le 30 avril l’abrogation de la loi encadrant le fonctionnement des partis politiques, une décision interprétée par des juristes comme une étape vers leur dissolution.
Cette annonce était intervenue au lendemain d’une concertation organisée les 28 et 29 avril, par le régime à Bamako, largement boycottée par les partis d’opposition, et qui a recommandé la suppression pure et simple des partis politiques.
La concertation a également suggéré de proclamer le chef de la junte, le général Goïta, président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable, sans passer par les urnes.
Mali: un opposant condamné, un autre disparu
Il revient désormais à M. Goïta de décider de l’application ou non de ces recommandations.
« Nous condamnons fermement toute tentative de restriction, de suspension ou de dissolution des partis politiques », affirme la coalition dans sa déclaration.
Elle dit rejeter « les conclusions » de la concertation des 28 et 30 avril tenue « sans représentativité réelle » et les considère « comme nulles et non avenues ».
Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, l’opposition malienne a été affaiblie par des mesures de rétorsion, des poursuites judiciaires, la dissolution de plusieurs organisations et un discours dominant appelant à l’unité autour du pouvoir militaire, dans un pays confronté depuis 2012 à une insécurité chronique liée au jihadisme et à la rébellion touarègue dans le Nord.
Le multipartisme, ainsi que les libertés d’expression et d’association, sont garantis par la Constitution malienne de 1992, puis ont été réaffirmés dans la nouvelle loi fondamentale promulguée en 2023 par la junte.
Source : Agence France-Presse

Crédito: Link de origem