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Stations-service sous haute surveillance à Niamey

Niamey sous haute surveillance : les stations-service contraintes d’installer des caméras

Dans les rues poussiéreuses de Niamey, où le ronronnement des motos et le va-et-vient incessant des camions-citernes rythment le quotidien, une nouvelle mesure radicale vient bouleverser l’ordre établi. Par un décret incisif et sans appel, le gouverneur de la région, le général de brigade Abdou Assoumane Harouna, impose à l’ensemble des 354 stations-service de la capitale nigérienne l’installation obligatoire de systèmes de vidéosurveillance performants dans un délai extrêmement serré d’un mois. Une injonction assortie d’une menace claire : tout contrevenant à cette règle stricte verra, sans délai, son établissement scellé par les autorités.

Cette initiative forte, annoncée le 28 avril lors d’une réunion tendue avec les représentants des exploitants, s’inscrit dans une croisade plus large et déterminée pour renforcer drastiquement la sécurité publique dans un pays aux prises avec des défis sécuritaires redoutables et complexes. Mais derrière cette volonté de contrôle renforcé, quels enjeux profonds se dessinent réellement pour Niamey et ses millions d’habitants ?

Le gouverneur accuse : « Vos pompes alimentent le terrorisme ! »

Le Niger, carrefour stratégique et pivot du Sahel, vit, en effet, sous la menace constante des groupes armés qui écument la région et déstabilisent le pays. Le gouverneur Harouna, avec une fermeté martiale et non négociable, a pointé du doigt une réalité alarmante : près de 60 % du carburant alimentant, selon les services de renseignement, les réseaux terroristes proviendraient, directement ou indirectement, des stations-service de Niamey. « Vos pompes, a-t-il déclaré, sans ambages, aux promoteurs présents, sont les artères d’un trafic illicite qui menace, fondamentalement, notre nation. »

Ce constat, appuyé par des « preuves irréfutables », selon les autorités militaires, place, de fait, les stations-service au cœur d’une bataille invisible, mais cruciale contre les sources de financement du terrorisme. Les caméras, loin d’être un simple gadget technologique, deviennent ainsi des sentinelles numériques chargées de traquer les transactions douteuses et de dissuader les complicités, qu’elles soient volontaires ou non.

Cette mesure s’inscrit, par ailleurs, dans un contexte dans lequel le Niger redouble d’efforts pour juguler l’insécurité généralisée. Depuis l’arrivée au pouvoir du Conseil national pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) en juillet 2023, les initiatives sécuritaires se multiplient : renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité, accords de paix régionaux stratégiques, et, désormais, surveillance accrue des infrastructures critiques sur le territoire. Niamey, avec ses 339 stations-service répertoriées – dont 54 étaient déjà sous surveillance renforcée –, devient, ainsi, un laboratoire grandeur nature de cette politique de contrôle et de sécurisation du territoire national.

Stations-Service : 30 Jours Pour s’Équiper ou Faire Face à la Menace de Scellés et de Poursuites

Pour les promoteurs de stations-service, le décret du gouverneur sonne, clairement, comme un véritable ultimatum. Installer des systèmes de vidéosurveillance performants, incluant caméras, enregistreurs et serveurs de stockage sécurisé, en seulement trente jours représente un défi logistique et financier considérable, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises.

Dans une économie nigérienne marquée, certes, par une croissance exceptionnelle de 10,3 % en 2024, selon les données de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, les petites entreprises peinent néanmoins à absorber rapidement des coûts imprévus de cette ampleur. Les sanctions promises – fermeture immédiate et définitive des établissements et possibles poursuites judiciaires pour « complicité avec l’ennemi » – ajoutent une pression supplémentaire immense.

Les administrateurs des cinq arrondissements communaux de Niamey ont été chargés, officiellement, de veiller à l’application stricte et rapide de ce décret sur leur zone de compétence. Une tâche ardue et délicate, alors que certains observateurs et juristes questionnent déjà la légalité d’une telle mesure d’exception et les conditions de sa mise en œuvre dans un délai aussi court.

Niamey : l’équilibre précaire entre surveillance antiterroriste et préservation des libertés

À Niamey, où la densité urbaine croissante se conjugue, de manière critique, avec la menace terroriste latente, l’installation généralisée de caméras de surveillance pourrait transformer, potentiellement, l’espace public en un lieu placé sous une vigilance renforcée et constante. Si l’objectif sécuritaire d’assécher les sources de financement du terrorisme apparaît, à première vue, évident et légitime, cette politique soulève, néanmoins, des interrogations plus larges et fondamentales.

Quel impact réel aura une surveillance accrue sur les libertés individuelles et la vie privée des citoyens ? Dans un pays où la refondation nationale, portée par le président Abdourahamane Tiani, repose sur une souveraineté affirmée et une quête d’indépendance, une surveillance étendue pourrait, paradoxalement, alimenter un climat de défiance au sein d’une population profondément attachée à ses traditions de liberté et de discrétion.

Le général Harouna, conscient de ces tensions potentielles, a appelé, instamment, à un « sursaut patriotique » de la part des exploitants, les enjoignant à voir dans cette mesure contraignante une contribution essentielle à la stabilité et à la sécurité nationales. Une rhétorique qui trouve écho dans un Niger en quête de cohésion et de résilience face à l’adversité, mais qui devra s’accompagner, indispensablement, de transparence dans l’usage des données collectées pour éviter les dérives d’un contrôle mal maîtrisé ou perçu comme abusif par la population.

Le pari de Niamey : assécher le financement terroriste et bâtir la confiance pour un avenir plus sûr

Ce décret, s’il est appliqué avec rigueur et discernement, pourrait redessiner, en profondeur, la géographie sécuritaire de Niamey et entraver significativement les réseaux d’approvisionnement terroristes. En plaçant les stations-service sous l’œil vigilant des caméras, les autorités espèrent assécher une source vitale de financement pour les groupes armés tout en renforçant la résilience de la capitale face aux menaces.

Mais le succès durable de cette entreprise audacieuse dépendra, crucialement, de la capacité du gouvernement à soutenir concrètement les exploitants dans cette transition coûteuse, à garantir l’usage strictement éthique et légal des données collectées, et, surtout, à préserver et renforcer la confiance des Nigériens dans les actions de leurs dirigeants. Seul cet équilibre délicat permettra de transformer une contrainte sécuritaire en un véritable gain pour la sécurité et la stabilité futures de la nation.


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