
L’ONU a appelé à la « retenue maximale » l’Inde et le Pakistan, engagés dans une escalade depuis une attaque meurtrière mardi au Cachemire, où les deux puissances nucléaires ont brièvement échangé des tirs tôt vendredi.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné l’ »attaque terroriste » qui a causé la mort de 26 civils au Cachemire indien, appelant à ce que les responsables soient traduits en justice.
Dans cette déclaration, les membres du Conseil, dont le Pakistan fait partie pour deux ans depuis janvier, « ont condamné dans les termes les plus forts l’attaque terroriste » de mardi.
Des deux côtés de la ligne de contrôle (LoC), la frontière de facto au Cachemire, Islamabad et New Delhi, qui accuse son voisin d’être lié à l’attentat, continuent de hausser le ton.
L’armée indienne a détruit vendredi à l’explosif deux maisons présentées comme appartenant aux familles des auteurs de l’attaque; tandis que le Sénat pakistanais a voté à l’unanimité une résolution qui « rejette » les accusations « infondées » de l’Inde et « prévient » que le Pakistan est « prêt à (se) défendre ».
– Tirs échangés –
Avant l’aube, des échanges de tirs ont eu lieu « de poste à poste dans la vallée de Leepa » sur la LoC au Cachemire. Ils n’ont « pas visé la population civile et la vie suit son cours, les écoles sont ouvertes », selon Syed Achfaq Gilani, un haut responsable de l’administration au Cachemire pakistanais.
L’armée indienne a confirmé des tirs brefs à l’arme légère lancés, selon elle, par le Pakistan et auxquels elle a « répondu efficacement ».
Le ton monte entre l’Inde et le Pakistan après l’attentat au Cachemire
Depuis mardi, le gouvernement ultranationaliste hindou de New Delhi et Islamabad, qui se sont déjà livré trois guerres depuis leur partition dans la douleur en 1947, se sont lancés dans une spirale de mesures punitives et de rétorsion censées rendre coup pour coup.
En 2019 déjà, après une attaque meurtrière contre un convoi de militaires indiens, les deux pays avaient échangé des tirs.
– « Heures les plus sombres » –
De nombreux experts anticipent une riposte militaire de New Delhi. Pour Praveen Donthi, de l’International Crisis Group (ICG), l’attentat au Cachemire, toujours non revendiqué, « va faire revenir les relations entre les deux pays à leurs heures les plus sombres ».
Dans ce contexte, l’ONU plaide pour « une résolution pacifique ».
« Nous exhortons les deux gouvernements (…) à la retenue maximale et à s’assurer que la situation ne se détériore pas », a déclaré jeudi soir le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric.
L’Arabie saoudite « mène des démarches pour éviter une escalade entre l’Inde et le Pakistan », a indiqué vendredi à l’AFP un haut responsable saoudien sous couvert d’anonymat. « Les deux pays sont des alliés de l’Arabie saoudite, et nous ne souhaitons pas que la situation échappe à tout contrôle ».
Le Cachemire, au coeur de 78 ans de relations conflictuelles entre l’Inde et le Pakistan
New Delhi comme Islamabad tentent de contenter des opinions publiques chauffées à blanc par des médias prompts à accuser le voisin de tous les maux, tout en se rejetant la responsabilité de l’escalade.
Dans sa première réaction publique après qu’au moins trois tireurs, selon la police indienne, ont mené dans les contreforts de l’Himalaya l’attaque la plus meurtrière visant des civils depuis 2000 dans ce territoire à majorité musulmane, le Premier ministre indien Narendra Modi n’avait pas mâché ses mots.
« L’Inde identifiera, poursuivra et punira les terroristes et ceux qui les soutiennent (…) jusqu’au bout de la terre », avait-il promis jeudi.
Plusieurs dirigeants étrangers lui ont exprimé leurs condoléances, tandis que les Etats-Unis ont assuré se tenir « aux côtés de l’Inde ».
« Il y a eu des tensions sur cette frontière depuis 1.500 ans donc c’est comme toujours. Mais ils vont régler le problème d’une manière ou d’une autre », a déclaré vendredi le président américain Donald Trump.
– « Guerre totale » –
Mercredi, le ministre indien de la Défense Rajnath Singh avait menacé de représailles « ceux qui ont organisé ça en cachette », visant implicitement le Pakistan.
Le ministre pakistanais de la Défense a répondu vendredi sur la chaîne Sky News.
« Nous répliquerons, nous ajusterons notre réponse en fonction de ce que fera l’Inde (…) il est possible qu’une guerre totale éclate et cela aura des répercussions graves », a menacé Khawaja Asif.
Mercredi, c’est l’Inde qui a ouvert le bal des sanctions, avec entre autres mesures largement symboliques la suspension d’un traité sur le partage des eaux de l’Indus, la fermeture du principal poste-frontière terrestre et l’expulsion de diplomates.
A l’issue d’une rare réunion de son Comité de la sécurité nationale, le Pakistan a riposté en appliquant à chaque sanction une mesure de réciprocité.
La police indienne a diffusé les portraits-robots de deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Taiba (LeT), basé au Pakistan.
Ce groupe est soupçonné des attaques jihadistes qui avaient fait 166 morts dans la mégapole indienne de Bombay en 2008.
Le Cachemire a été partagé entre l’Inde et le Pakistan à leur indépendance en 1947. Ils continuent depuis à réclamer la souveraineté sur l’ensemble du territoire.
Depuis 1989, les combats entre insurgés séparatistes et troupes indiennes ont fait des dizaines de milliers de morts.
Jeudi encore, un soldat a été tué dans un accrochage à Basantgarh, a rapporté l’armée indienne.
Source : Agence France-Presse

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