Par Ike NGOUONI AILA OYOUOMI
Président d’AILA, cabinet de conseil stratégique
» Alors que le sommet international ChangeNOW s’apprête à réunir à Paris les porteurs de solutions face à l’urgence climatique, le Gabon, lui aussi, peut proposer une voie originale. À condition de penser autrement l’urbanisme et de valoriser ses ressources locales. La ville d’Akanda peut devenir un modèle gabonais de ville climatique.
Il suffit de marcher en plein après-midi dans un quartier sans arbres, entre des murs en béton et des façades en tôle ou en aluminium, pour sentir que la chaleur n’est plus supportable. Le climat a changé, et nos villes n’y sont pas prêtes. On le sent dans nos maisons, dans nos corps, dans la fatigue silencieuse du quotidien.
Mais plutôt que de subir, nous avons l’occasion d’ouvrir une nouvelle voie.
À Paris, du 24 au 26 avril, le sommet ChangeNOW réunira des innovateurs du monde entier engagés dans la transition écologique. L’Afrique y sera à l’honneur. Et je suis convaincu que le Gabon peut, lui aussi, apporter des réponses.
Nous avons un territoire emblématique : Akanda. Une ville jeune, dynamique, en pleine croissance. Une ville qui abrite un parc national en zone urbaine, des mangroves protectrices, un arboretum unique en Afrique centrale. Une ville où nature et modernité peuvent encore cohabiter. Mais seulement si nous faisons les bons choix.
Cela suppose une nouvelle manière de construire. De penser l’urbanisme autrement. De faire de la nature un partenaire, pas une victime. Et de réinterroger les matériaux que nous utilisons.
Aujourd’hui, nous voyons émerger des bâtiments en verre, aluminium composite (alucobond), béton renforcé. Esthétiques, parfois impressionnants, mais souvent inadaptés aux réalités climatiques locales. Ils amplifient la chaleur, alourdissent la consommation énergétique, et s’éloignent de l’esprit de durabilité.
La modernité ne se mesure pas uniquement en mètres carrés ni en hauteur. Elle se mesure aussi à l’empreinte que l’on laisse, à la capacité de bâtir en respectant le climat, les ressources et les générations à venir.
Au Gabon, nous avons pourtant des matériaux bioclimatiques adaptés, disponibles, éprouvés :
– La terre crue, fraîche, durable, écologique.
– Le bois local, lorsqu’il est issu de filières certifiées.
– Le bambou, le raphia, les fibres végétales, intelligemment intégrés.
– La pierre et la latérite, pour des sols perméables et une architecture enracinée.
Ce ne sont pas des matériaux pauvres. Ce sont des ressources d’avenir, puissantes, sobres, et adaptées à notre environnement tropical.
Et si Akanda devenait le laboratoire gabonais de la ville climatique ? Une ville qui inspire, qui respire, qui protège. Une ville qui montre que l’on peut bâtir haut sans chauffer plus, construire vite sans effacer nos racines.
Le réchauffement est là. Il est temps de construire avec conscience ».
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