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Mangroves en péril : Libreville face aux risques accrus (…) – Gabonews

Mangroves en péril : Libreville face aux risques accrus d’inondations

13 mars 2025

La capitale gabonaise, Libreville, voit disparaître progressivement ses forêts urbaines et ses mangroves, sacrifiées au profit de l’urbanisation galopante et des activités économiques. Cette régression accélérée aggrave la vulnérabilité de la ville aux inondations, à l’érosion des sols et aux glissements de terrain. La capitale gabonaise a perdu 23% de la couverture arboré depuis 2000

En novembre 2024, de violentes inondations ont touché plusieurs quartiers de Libreville, forçant des centaines d’habitants à quitter temporairement leur domicile. « Avant, l’eau trouvait son chemin à travers les forêts et les mangroves. Aujourd’hui, elle s’accumule et submerge nos maisons », témoigne Nadège Ogueno, une habitante du quartier Bas-de-Gué-Gué, une zone particulièrement exposée aux risques d’inondation, dans le premier arrondissement. Ces catastrophes ne sont pas des événements isolés. Depuis une dizaine d’années, la fréquence et l’intensité des inondations à Libreville augmentent de manière préoccupante.

Selon une étude publiée par l’Institut de Recherche en Écologie Tropicale (IRET), Libreville a perdu environ 23 % de son couvert forestier entre 2001 et 2023. Les quartiers périphériques, naguère bordés par des mangroves et des forêts urbaines, sont aujourd’hui grignotés par des constructions illégales et l’expansion des infrastructures. Les mangroves, qui servaient de remparts naturels contre les inondations, sont détruites pour faire place à des habitations et des projets industriels.

Insert – courte vidéo d’un sinistré


 : situation des forêts de Libreville 2001-2010-2023 et tableau statistiques (réalisés par explique Remcel Dumont Fopi Tazo, consultant en Systèmes d’Information Géographique (SIG) au World Resources Institute (WRI) Cameroun)

Un impact écologique et humain désastreux

Les mangroves jouent un rôle crucial dans la stabilisation des sols et la régulation des flux d’eau. « Les racines des palétuviers retiennent les sédiments et permettent à l’eau de pluie de s’infiltrer progressivement dans les sols. Lorsqu’on détruit ces écosystèmes, on provoque une augmentation du ruissellement et une saturation rapide des réseaux d’évacuation », explique Alfred Ngomanda, commissaire du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique du Gabon (CENAREST).

À Libreville, l’urbanisation anarchique conduit à la disparition progressive de ces zones tampons. En conséquence, les inondations deviennent plus fréquentes et plus destructrices. En 2023, une étude menée par le Centre de Recherche en Géosciences Environnementales a révélé que les dégâts causés par les inondations dans la capitale gabonaise ont entraîné des pertes économiques estimées à près de 20 milliards de francs CFA, sans compter les pertes humaines et le déplacement forcé des populations.

Les experts alertent sur une bombe écologique

La disparition des forêts urbaines ne se limite pas à une problématique d’inondation. Elle entraîne également une dégradation de la qualité de l’air et une augmentation des températures locales. « Libreville connaît une intensification du phénomène des îlots de chaleur urbains. Sans arbres pour absorber le dioxyde de carbone et rafraîchir l’air ambiant, la température moyenne en ville a augmenté de 2,5°C au cours des 20 dernières années », précise Lionel Djibie Kaptchouan, géographe et expert en climatologie.

Par ailleurs, l’érosion côtière s’accélère. Les mangroves, qui servaient de barrière contre l’avancée de l’océan, disparaissent, mettant en péril les infrastructures situées en bordure de littoral. « Les routes côtières et les bâtiments sont de plus en plus exposés à l’érosion. Si nous ne prenons pas des mesures rapides, certaines zones de Libreville risquent de devenir inhabitables d’ici 2050 », prévient Aimable Musoni, chercheur en gestion des ressources naturelles.


Face à l’urgence de la situation, des initiatives de reforestation et de préservation émergent. En 2023, le gouvernement gabonais a lancé un programme de restauration des mangroves, avec pour objectif de replanter 500 hectares d’ici 2030. « Nous devons concilier développement urbain et préservation des écosystèmes. Il est impératif d’intégrer des corridors écologiques dans la planification urbaine », souligne un responsable du ministère de l’Environnement.

En parallèle, des initiatives citoyennes voient le jour. En février 2024, l’ONG PLURMEA a lancé une campagne de reboisement dans les zones à risque de Libreville. Celle-ci vise à planter près de 30 hectares de palétuviers dans les zones humides de Libreville et ses environs.

BN


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